Véronique
Datte: 10/01/2021,
Auteur: Patrik, Source: Revebebe
... site soft que tu pourras consulter, ici, le midi à ton boulot. Pas de discussions !
En soupirant, j’ai accepté de jouer le jeu durant une semaine. Au début, ce ne fut pas triste, beaucoup de connards, je ne vois pas d’autre mot, vraiment pas de quoi faire que l’espèce masculine remonte dans mon estime. Puis le dernier jour, un message qui détonnait singulièrement du lot. J’ai répondu, intriguée. Puis il y eut un nouveau message dans le même ton, et une nouvelle réponse de ma part. Après quinze jours d’email, nous avons décidé de franchir le pas, de nous rencontrer pour de vrai. J’avais sa photo, il n’avait pas la mienne, j’avais trop honte de moi, de mon corps de grand-mère.
— Vé… Véronique, je p-présume ?
Il est arrivé en retard, il s’était trompé de station. Franchement, je me suis demandé s’il ne m’avait pas posé un lapin. J’ai téléphoné à ma fille, ma cadette, elle m’a dit d’attendre un peu. C’est en fermant mon portable que je l’ai vu, face à moi. Il était un peu essoufflé d’avoir couru, son visage n’indiquait rien de ce que je connaissais chez les hommes : pas de dégoût, pas d’envie malsaine, pas de raillerie.
Nous avons été faire un petit tour en ville, je me sentais gauche, lui, pas vraiment. J’ai accepté de monter dans sa voiture pour aller manger une glace dans une cafétéria connue. En bouclant ma ceinture, je me suis alors traitée de folle : on ne monte pas comme ça avec un illustre inconnu. Étrangement, je n’avais pas peur.
Puis après, nous sommes ...
... allés dans le grand parc, il faisait beau, une petite brise, je me sentais rassurée, calme, la première fois depuis bien longtemps.
Je n’ai jamais aimé les ponts, ce grand vide qu’ils surplombent, ce gouffre qui me fait tant peur. Je suis capable de faire d’inimaginables détours pour ne pas mettre le pied dessus. Dans ce parc strié de canaux et de retenues, il y a beaucoup de passerelles, de petits ponts ci et là. Lui, il ne connaissait pas ma phobie, j’ai d’ailleurs un peu honte d’en parler ! Alors, sans réfléchir, je lui ai pris la main, comme du temps de mon enfance, pour qu’il m’aide à traverser.
Depuis ce jour-là, il a gardé ma main et mon cœur.
Quand je suis rentrée à mon appartement, ma fille qui attendait, fébrile, mon retour n’a pas eu besoin de me demander si tout avait bien été :
— Pas besoin de le dire, j’ai compris, c’est écrit en grand sur ton visage !
— Oui, ça s’est bien passé…
— Alors, ça donne quoi pour la suite ? demanda ma curieuse de fille.
— J’sais pas, on se contacte… on verra…
— Et tu crois qu’il va te recontacter ?
— J’sais pas. J’y crois pas mais au moins, j’ai passé une bonne soirée ! J’aurai eu au moins ça une fois dans ma vie : un rendez-vous…
Oui, au moins ça dans ma vie. Oui, je sais que ça semble peu de chose, rien du tout. Mais moi, je n’avais jamais connu ça ainsi, cette sensation d’être importante pour quelqu’un autre que mes enfants, de se promener en parlant de tout et de rien, de se faire embrasser naturellement sans ...