1. Véronique


    Datte: 10/01/2021, Auteur: Patrik, Source: Revebebe

    ... si seule que j’ai mal à l’âme. Aucun homme n’en vaut la peine, rien que des soûlards, imbus d’eux-mêmes, sans délicatesse, qui ne veulent que mon corps, mes seins, mon cul. J’en ai su quelque chose avec les « amis » de mon compagnon. Pourtant, je ne suis pas belle, j’ai un genre, diront certains. Mais quand on veut baiser, c’est comme quand on veut l’ivresse : peu importe le flacon…
    
    À force de soirées et de matinées de ménage dans cette administration, je finis par me faire quelques amitiés avec qui je pouvais discuter de tout et de rien, me changer les idées, entrevoir qu’il existait quelque chose d’autre que ma pauvre vie. Qu’il était possible de changer de condition par concours ; qu’avais-je à perdre puisque je m’étais déjà perdue moi-même…
    
    Depuis que j’ai réussi le concours, mon salaire a augmenté, pas de beaucoup mais j’ai des horaires fixes et une stabilité dans l’emploi, et ce depuis sept ans. Au début, il fut content : encore plus de sous, surtout pour les apéritifs. Puis il réalisa que pour travailler, il me fallait rester au moins huit heures dehors, en pleine journée. Ce fut le début de la conquête de ma liberté… Je suis actuellement dans mon canapé et je regarde autour de moi, les murs nus de la pièce, les rares meubles : mon chez moi. Pas le sien, le mien !
    
    Quand je suis partie, suite à un geste de trop, une insulte de trop, il a clamé « Bon vent ». D’infâmes rumeurs ont circulé, les gens n’ont décidément rien à faire d’autre. Ce n’était pas la ...
    ... première fois que j’étais à la rue. Il était jaloux comme un pou, le moindre sourire que j’adressais ou qu’on m’adressait me valait des séances. Il venait parfois me guetter à la sortie de mon travail, pour vérifier. Quand entre deux soûleries, il a compris que je ne reviendrai plus, alors il est venu à moi, m’a suppliée de rentrer à la maison, notre maison. Il m’aimait, il allait changer.
    
    Je savais bien que c’était uniquement pour l’argent. Depuis que j’étais partie, il n’avait plus de revenu, plus de quoi écumer les bistros. Plus de maîtresse non plus. Plus de soi-disant copain. On n’est plus rien sans un sou. Il venait de réaliser.
    
    Ce fut difficile de s’en défaire mais j’y suis arrivée. Il m’a harcelée durant longtemps, ça, il savait très bien le faire. Des séances, des insultes, des menaces, des pleurs, des repentirs, oh oui, qu’il savait le faire, manipuler, exploiter. Je suis à présent une salope, une ingrate, une moins que rien. Peut-être mais je suis libre.
    
    Libre…
    
    Depuis quelques jours, il y a du nouveau : un homme. Je ne sais pas ce que je dois penser. Un jour qu’elle était passée le midi dans mon petit bureau au travail, ma cadette m’avait inscrite à un site gratuit de rencontres.
    
    — Tu verras, maman, c’est tout simple !
    — Que veux-tu que j’aille faire sur un site de rencontre ? J’en ai soupé des bonhommes !
    — Il faut que tu sortes un peu, que tu te changes les idées, ça ne te fera pas de mal ! De toute façon, t’as rien à dire, je viens de t’inscrire sur un ...