Mon Ange a un sexe...
Datte: 29/12/2020,
Catégories:
fh,
fplusag,
jeunes,
couleurs,
profélève,
bain,
douche,
cérébral,
69,
confession,
inithf,
Auteur: Elodie S, Source: Revebebe
... sujet approprié : un article sur la réussite mondiale de Zara, leader de la mode ado. Pendant qu’ils lisent l’article, je dévisage Valentin, assis – comme toujours – au premier rang. Ses traits sont fins, sa peau diaphane ; il a de grands yeux verts tristes, soulignés par des cils d’une longueur incroyable, qui lui donne un air un peu efféminé. Les lèvres sont bien ourlées ; il y traîne comme une moue de mélancolie. Le nez est droit, le front large. Ses cheveux forment de grandes boucles avec des reflets blonds, comme s’il sortait de chez le coiffeur avec coloration et mise en plis simultanées. Je réalise étrangement ce qui émane de lui :une gueule d’ange un peu triste, comme déchu. Il est un mélange de beauté et de fragilité, qui cadre mal avec les propos tenus à mon égard dans des circonstances sordides. Il lève soudain la tête ; je croise son regard l’espace d’un instant. Je détourne les yeux, comme une adolescente en faute.
Le cas Zara anime avec succès ma classe ; les filles, pour une fois, participent activement au débat. Lorsque sonne la fin, j’ai un sentiment d’apaisement : j’ai un peu retrouvé de leur intérêt, et partiellement la paix avec moi-même.
—ooOoo—
Pendant le week-end, je repense à Valentin. Je réalise que je dois aller plus loin pour briser les barrières induites par mon attitude négative, pour compenser les cruels malheurs que la vie lui a fait subir, sans qu’il en soit en rien responsable. Je lui dois plus que le pardon : une contribution à son ...
... équilibre personnel. Il me faut aller vers lui !
Le hasard m’y aide : lors du cours du lundi, je surprends Leïla en train de soupirer, et les mouvements sous le bureau du bras de Farid, assis à ses côtés, me renseigne aisément sur leurs activités ! La surprise passée, en maîtrisant ma voix pour calmer ma stupeur, je demande au jeune homme de venir s’asseoir à la place de Valentin au premier rang. D’une démarche triste, celui-ci gagne le fond de la classe, choisit le pupitre le plus éloigné et s’y assied, l’air d’une victime tristement résignée. Il doit mettre ma décision au rang des multiples vexations que lui fait subir la vie, et en particulier de la sévérité que j’ai manifestée à son égard jusque-là.
Je leur donne le choix entre deux sujets qui les intéressera, je pense : la traditionnelle rivalité Réal/Barça, ou les raisons du succès des modes importées d’Espagne. Ça marche, et les voilà plongés pour une heure de rédaction. Je déambule d’un bureau à l’autre, jetant un œil sur chacune des copies. J’arrive au fond de la classe, derrière Valentin.
Calée derrière lui, j’observe sa main couvrir d’une écriture hachée sa feuille de papier. Je me penche vers lui, juste dans son dos. Sa tête effleure mon buste, je m’incline un peu plus, en appuyant avec délicatesse ma poitrine sur ses épaules, de part et d’autre de son cou. Il s’arrête d’écrire ; j’accentue ma pression. Je le sens frémir, se figer, se durcir. Je maintiens le contact, parcourant sa copie. Il pousse un long ...