La Dernière Prophétesse - Histoires de Sexe

La Dernière Prophétesse

... destin.
— Connais-tu son nom ?
— Il ne me l’a pas révélé, mais je l’ai entendu dans mes rêves.
— En ce cas, tu n’as point besoin de moi. Cherchais-tu à connaître son importance pour ta destinée ? Tu possèdes déjà la réponse.
— Ce n’est pas cela, Hsiayïn, du moins pas exactement. Quelque chose en moi s’est réveillé, une chose que je ne connais pas, mais qui m’est familière.
— Tu n’es pas la première, mais rares ont été celles à vivre ce destin.
— Hsiayïn, comprends-moi. Ce n’est pas de destin dont je t’entretiens ici, mais d’une chose plus grande et plus mystérieuse encore. C’est un souffle puissant qui s’empare de mon âme.
— Je te comprends mieux que tu ne l’imagines. Je sais ce que tu vis, un souffle sourd et chaud qui fait battre ton cœur. Ton esprit était vide, à présent le dragon l’emplit de sa présence.
— C’est cela même, dit Shalvarya avec étonnement. Quel est donc ce souffle ? Est-ce une maladie, un sortilège, un charme ? Pourquoi cette obsession ?
— Tu devrais le savoir, fit encore la dragonne en riant. N’en as-tu pas été témoin, en quelque temps du passé ?
— Que veux-tu dire ?
— Simplement que cette sombre magie a été partagée par bien des humains avant toi. Humains, hommes ou femmes, dragonnes et dragons, tous sujets de conscience vivent cela un jour. Et s’ils ne le vivent pas, alors autant qu’ils meurent.

La dragonne Hsiayïn gronda encore avec amusement.

— Quant à ta nature, jeune Shalvarya, je n’ai pas la réponse. Mais gageons que ce dragon ...

... d’or la possède en son sein.
— Le reverrais-je un jour ?
— Cela dépend de toi, dit la dragonne en étendant ses ailes.
— Hsiayïn, je ne comprends pas ! cria la jeune fille avant qu’elle ne s’envole.
— Tu traces ta propre voie, tu me l’as dit toi-même. Vas-tu lutter contre ce tourbillon qui souffle dans ton âme ? Vas-tu te laisser emporter par lui telle une brindille dans la tempête ? Ou bien vas-tu faire comme ces marins de l’Archipel, hisser la voile de ton esprit pour voguer vivement vers les rivages inexplorés de ton destin en marche ? Ta vie commence à peine, Shalvarya. Ne la gâche point.

Sur ce, elle s’éleva loin au-dessus du sol, et tournoya un instant plus haut que les arbres et le temple, son regard croisant celui de la jeune fille. Celle-ci la suivit des yeux un long moment, tentant par cette vision de prolonger les paroles de sa sage amie.

— Je retrouverai le dragon d’or, songea-t-elle enfin.

* * *

Durant de longs jours, elle marcha dans la jungle. Elle ne s’arrêta pas à la clairière qu’elle avait occupée tantôt. L’heure n’était plus à la méditation.

Bientôt les arbres s’éclaircirent, les herbes devinrent rases. C’était ici le règne des insectes géants, des grands griffons du sud, des créatures féroces. C’était ici le règne des vents brûlants des steppes, des tempêtes de sable, et des roches acérées. Des hommes vécurent ici avant de repartir toujours plus loin au sud, par-delà le désert, vers les landes, les pics volcaniques, les grandes îles ...