1. La Dernière Prophétesse


    Datte: 23/12/2020, Catégories: jeunes, forêt, amour, cérébral, revede, init, fantastiqu, merveilleu, fantastiq, contes, Auteur: Maegwïn, Source: Revebebe

    Son nom était Shalvarya. D’où venait-elle, nul ne le savait. Rescapée d’une guerre, orpheline à l’âge de six ans, elle avait été recueillie par la famille royale d’Irlidhea. Par-delà les morts de la Bataille de l’Oasis, le roi Lenapiën avait trouvé la vie, dans la personne de cette petite fille.
    
    — Je n’ai pas de parents, je n’ai pas de famille, avait dit en pleurant la petite blondinette perdue.
    
    Mais l’épouse de Lenapiën, Valenirdigea, avait perçu de façon obscure la fierté que cette phrase portait. Ne pouvant avoir d’enfant, le couple royal avait pris Shalvarya comme leur fille :
    
    — Shalvarya ? C’est un nom noble qui signifie maîtresse de l’harmonie dans notre langue.
    
    La petite fille avait esquissé un sourire. Peu de temps après, alors que les blessures de la guerre avaient été pansées, alors que la paix était revenue sur le monde d’Asgaïa, la petite Shalvarya avait fait son entrée à la cour d’Irlidhea. Elle était une enfant joyeuse, d’une intelligence vive, et malgré son jeune âge, son éducation avait déjà paru des plus éclairée.
    
    Pourtant, jamais elle n’évoquait son passé, jamais elle ne soufflait mot de ce qu’elle avait vécu avant la guerre, de l’endroit où elle était née, des gens qui l’avaient élevée. D’où venait-elle, nul ne savait. À l’exception d’elle-même. Parfois seulement, des mots étranges sortaient de sa petite bouche. Une dame de compagnie clama un jour que Shalvarya avait affirmé :
    
    — Je n’ai pas été engendrée. J’ai été créée.
    
    Mais la ...
    ... petite fille avait toujours refusé de répéter cette phrase, et nul ne put approfondir ce mystère. Parfois encore, ses yeux devenaient vitreux, et c’est avec sa petite voix d’enfant qu’elle prononçait des paroles semblant surgies du fond des âges, comme des prophéties que nul ne comprenait.
    
    Mais la plupart du temps, Shalvarya avait l’air d’une enfant normale, jouant à se poursuivre avec les jeunes nobles de son âge, construisant des cabanes dans le jardin de printemps du palais royal d’Alkavalen, façonnant des épées de bois squelette et se révélant une escrimeuse émérite. Ses tuteurs se disaient fiers d’elle, ses précepteurs la félicitaient souvent et bien vite elle sembla même pouvoir se passer d’eux.
    
    Pourtant, jamais elle ne parut faire vraiment partie de ce monde. Ses camarades de jeu la prenaient davantage comme une meneuse du groupe que comme l’une des leurs, et gardaient en toute circonstance une certaine déférence à son égard.
    
    * * *
    
    En grandissant, ses admirateurs furent nombreux, mais toujours elle garda cette distance qui laissait à penser que la compagnie des hommes comme des femmes n’était pas faite pour elle. Alors que les jeunes princes et les duchesses nubiles commençaient à compter fleurettes, Shalvarya, elle, restait seule, à toiser les couples d’un œil bienveillant, les regardant se former et se défaire au gré du jeu des sentiments.
    
    Elle passa de plus en plus de temps dans la bibliothèque du palais, dévorant des ouvrages de sciences occultes, de ...
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