1. Le disque de Ruellan


    Datte: 06/12/2020, Catégories: sf, Auteur: Claire Obscure, Source: Revebebe

    ... à mes petits jouets. Savez-vous que plus de la moitié des gens qui viennent ici sont parfaitement au courant pour eux ? Eh bien, vous êtes la seule – je dis bien la seule – en trois ans à être venue dans la tenue dans laquelle vous êtes ce soir. Vous êtes comme un rayon de soleil venu du passé.
    
    Au mot « passé », une ombre assombrit mon visage ; John Ritter la décèle sans peine. Il prend ma main qui était restée posée sur la table, la serre doucement.
    
    — J’ai sans doute évoqué un souvenir douloureux. Venez ; pour me faire pardonner et vous faire oublier, je voudrais vous montrer le saint des saints.
    
    Il se lève ; je l’accompagne d’autant plus volontiers qu’il n’a pas lâché ma main, et que son contact me trouble. Nous entrons dans les coulisses, montons à l’étage. Il passe un scan rétinien et une ouverture se crée dans le mur. Derrière, une salle vidéo bardée d’écrans, de consoles et autres pupitres de commande.
    
    Sur le grand écran central, les couples dansent, nus et enlacés dans un slow torride. Érections et tétons dressés sont soulignés sur l’écran de gauche en image thermique.
    
    John me rend ma main pour appuyer sur quelques boutons. Sur l’écran central, nous apparaissons alors tous deux, dans le plus simple appareil ; c’est notre danse, enregistrée, qui passe au ralenti. J’admire notre performance et je vais le remercier de nouveau quand il se retourne, un revolver pointé sur moi.
    
    — Maintenant tu vas parler. Qui t’envoie ?
    
    Je ne me démonte pas ; de toute ...
    ... façon, ma couverture est grillée.
    
    — L’Oligarque, bien sûr. Me tuer, ici ou ailleurs, ne fera que confirmer ses doutes à votre propos.
    
    Il rit, mais ne baisse pas pour autant son revolver.
    
    — Oui, oui. Tu m’as l’air d’être très coopérative, en fin de compte. Eh bien, je vais lui faire un cadeau, à l’Oligarque. À poil ! Vite !
    
    Dommage ; il était mignon et gentil. J’enlève ma robe. Il me fait sortir de la salle vidéo, me fait passer par des couloirs déserts. Me montrant la porte qui mène dans l’arrière-cour :
    
    — Maintenant, dégage. Dans cette tenue, tu te feras choper par les cerbères du gouvernement avant que l’Oligarque ait pu quoi que soit pour toi. Adieu.
    
    La porte claque derrière moi… Bien… très bien. Ce n’est pas la première fois que je suis à poil dehors ; il fait bon… j’ai connu pire. Bon, à l’époque, il n’y avait pas les coquillages. Impossible de quitter la contre-allée sans passer devant l’un d’eux et de me faire alpaguer par la police des mœurs, tribunaliser en quelques minutes et trouillotinée dès potron-minet.
    
    Pas le choix. Je grimpe dans une benne à ordure ; on verra bien où ça nous mène.
    
    On s’habitue à tout, même à l’odeur d’une benne de trois jours. Les robots-éboueurs arrivent enfin, et je me retrouve au milieu du camion poubelle. Je parviens à éviter l’écrasement grâce à une astuce apprise en planque. Les robots croient désormais que leur camion est plein ; direction la décharge, retour au ZOO…
    
    L’avantage d’une décharge à ciel ouvert, ...
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