1. Portrait volé


    Datte: 04/12/2020, Catégories: fh, hplusag, jeunes, forêt, campagne, amour, soubrette, jalousie, dispute, pénétratio, jeu, mélo, portrait, historique, Auteur: Musea, Source: Revebebe

    ... attacha soigneusement avec de la ficelle le paquet qui protègerait durant son transport jusqu’en Charente le magnifique oranger qu’avait commandé un riche armateur, ami du comte Pazevin. Puis il chargea deux aides de transporter l’arbre dans l’entrepôt et de charger également les deux bougainvillées qui devaient accompagner l’oranger dans son voyage.
    
    Pierre évalua leur intervention à un quart d’heure, qu’il mit à profit pour s’éclipser vers les cuisines sous prétexte de commander leur déjeuner. Il savait que Berthe préviendrait la camériste aussitôt qu’il le lui demanderait.
    
    --oOo--
    
    Pendant ce temps, François de Saillant avait fait seller son cheval et celui de la comtesse puis, au petit trot, le couple s’était rendu par le chemin forestier qui jouxtait le parc jusqu’à la résidence du comte.
    
    Élise conduisait sa monture nerveusement. Elle avait conscience qu’elle vivait ses derniers instants auprès de François. Et son cœur saignait qu’il s’en aille. Mais il le fallait pour leur repos à tous deux. Ils étaient épuisés par leurs combats. Et s’ils continuaient de se voir, nul doute qu’ils finiraient par se tuer l’un et l’autre à force de retenue, de colère et de chagrin.
    
    « Si seulement les choses avaient été différentes… » pensa la jeune femme.
    
    Mais hélas, rien de ce qu’ils s’étaient avoué ne pourrait changer la situation. Ils étaient tous deux veufs et traumatisés par les deuils qu’ils avaient endurés… Ils s’aimaient, certes, mais leur amour était voué à ...
    ... l’échec de quelque côté qu’ils l’abordent. Alors à quoi bon ?
    
    De son côté, le comte avait adopté un trot rapide. Il aurait dû se réjouir d’accueillir Élise dans ce qui était devenu chez lui. Mais il était trop bouleversé à l’idée de la quitter pour apprécier cette visite inopinée. Son esprit, troublé par l’entretien impromptu qu’il avait eu avec celle qu’il aimait, repassant tout ce que la comtesse lui avait appris et tout ce que lui-même lui avait livré, s’affolait presque et il se disait en lui-même :
    
    « Tu es fou, François, de l’emmener dans cette chambre où tu l’as tant rêvée et désirée. Comment résisteras-tu lorsqu’elle y sera enfin ? Pourquoi n’as-tu pas tu l’existence de ce second portrait ? Ce secret aurait été le tien jusqu’à ta mort… Quel masochisme te pousse à le lui montrer ? Que veux-tu te prouver et que veux-tu lui prouver encore ? Ton honnêteté ? Ton amour ? Ta passion ? Tout cela, elle le connaît à présent. Qu’as-tu besoin de montrer ce tableau ? Et comment réagira-t-elle lorsqu’elle le verra ? N’aura-t-elle pas du dégoût pour ce que sa beauté t’a inspiré ? »
    
    Un éclat de désir résonna au creux de ses reins, ce qui lui fit encore accélérer l’allure.
    
    Élise le suivait à distance, observant distraitement le mouvement de sa veste noire fouettant l’arrière-train de sa monture. Son esprit confus la plongeait dans une sorte de brouillard. Et elle se laissait porter par le cheval tout en se répétant qu’elle devait garder son calme.
    
    Bientôt, ils furent en vue du ...
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