1. Portrait volé


    Datte: 04/12/2020, Catégories: fh, hplusag, jeunes, forêt, campagne, amour, soubrette, jalousie, dispute, pénétratio, jeu, mélo, portrait, historique, Auteur: Musea, Source: Revebebe

    ... soutien invisible et amical dans mon deuil de Camille ; mais mon cœur vous a adoptée sauvagement, amoureusement et sans votre consentement… sans doute parce qu’il lui fallait à nouveau aimer pour accepter l’absence de ma défunte épouse. Et, comme j’ai « outrepassé la décence » en vous déclarant mes sentiments lorsque je vins ici selon les termes de l’abbé Gourié lui-même, il fallait donc que je revienne à la raison… et que j’accepte la situation et l’inexorable séparation qui devait s’ensuivre. À votre insu, par vos rebuffades et surtout la dernière dispute que nous avons eue en mars, vous avez réussi à me décourager de vous aimer. Si aujourd’hui je cédais à mon désir de vous faire mienne, j’aurais trop peur de revivre une séparation mortelle qui, celle-là, me serait fatale.
    
    La stupéfaction fit sursauter la jeune femme. Elle questionna à brûle-pourpoint :
    
    — Êtes-vous souffrant ?
    — Non, je vous rassure à ce sujet. Je n’ai pas de maladie particulière… mais j’ai toujours désiré un enfant… et c’est durant sa grossesse que j’ai perdu Camille et notre fils… J’avais promis de vous en parler et puis… je n’ai jamais pu avant aujourd’hui. Peut-être n’avais-je pas suffisamment confiance en vous… Peut-être que je préférais ne rien vous dire, sachant de toute façon que mon amour pour vous était voué à l’échec. La mort de Camille, celle de notre fils ont été si terribles… si dévastatrices… J’ai cru toucher le fond de l’enfer… Je ne veux donc surtout pas revivre un tel tourment ...
    ... encore une fois. Je sais que je ne pourrai pas le supporter. Et depuis que je suis à Beauregard et que j’ai entrevu un possible avenir entre nous, je suis sans cesse hanté par ce souvenir et la peur qu’un tel drame se reproduise. Si votre visage et votre tendre présence ont su apaiser mes chagrins, si mon cœur a trouvé dans le vôtre celui qu’il attendait depuis la mort de Camille, je sais aussi de façon définitive que je n’aurais plus assez la force de vivre si jamais je devais vous perdre dans les mêmes circonstances… Cela plus que toute autre chose me ferait horreur et signerait une malédiction dont je redoute le couperet. Une forme de punition divine de mon libertinage peut-être… Pour autant, Élise, je ne veux pas vous perdre… mais j’ai compris que pour éviter une telle catastrophe, il nous faudra vivre séparés.
    
    Anéantie par cette révélation, Élise ne put s’empêcher de relever les yeux et voyant le comte, le regard noyé de chagrin fixer le tapis avec toute l’intensité du désespoir, elle ne put s’empêcher de lui prendre la main, puis de l’autre de caresser doucement son visage. Sous cette caresse improvisée, François de Saillant frissonna et lorsqu’il croisa son regard, elle murmura :
    
    — Je suis désolée…
    — Ne le soyez pas. Peut-être qu’ainsi, en vivant chacun de notre côté, nous pourrons toujours nous aimer ? Au moins j’aurai eu l’aveu de vos sentiments véritables avant de partir. Et cela m’est particulièrement doux de l’apprendre aujourd’hui, alors même que je vous fais ...
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