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Portrait volé
Datte: 04/12/2020, Catégories: fh, hplusag, jeunes, forêt, campagne, amour, soubrette, jalousie, dispute, pénétratio, jeu, mélo, portrait, historique, Auteur: Musea, Source: Revebebe
... et de prendre quelques mesures d’éloignement. François eut un rictus amer : — Il m’a dit à peu près la même chose peu de mois après mon arrivée ici, lorsque je lui ai avoué que je me consumais d’amour pour vous. Il est très attaché à votre famille et à la famille Beauregard, et il ne voulait pas que nous entachions la réputation et l’honorabilité de cette maison par une liaison, d’autant moins du fait de mon comportement libertin. Mais je crois qu’il avait compris la teneur de mes sentiments pour vous. Et je pense qu’il avait aussi compris les vôtres bien avant que vous ne lui parliez de vos sentiments pour moi… C’est pour cela qu’il nous a recommandé à l’un comme à l’autre de rejeter cet amour. Élise soupira : — Je regrette depuis des mois de lui avoir obéi. Parce que j’ai souffert et que ça n’a pas ramené Vincent pour autant à la santé. Mais je me devais de le faire pour ne pas donner prise aux rumeurs alimentées par le duc de Gand et contre lesquelles nous avions dû déjà nous battre. C’était une démarche très difficile, qui m’a coûté énormément. Mais qui ne m’a ramené Vincent que dans un cercueil de fer… J’ai alors pensé que mes sentiments pour vous avaient précipité sa mort… Je ne pouvais plus vous voir sans avoir l’impression que je trahissais Vincent… et parallèlement, j’étais déchirée de ma décision. En disant ces mots, Élise essuya furtivement ses larmes. Le comte était lui-même très ému. Tout ce que la jeune femme lui disait confirmait tout ce ...
... qu’il avait ressenti d’élans et de trouble amoureux chez elle. Elle l’aimait sans doute depuis leur première rencontre au bord du Neez, mais elle n’avait cessé de se débattre contre cette évidence. Simplement parce qu’elle était mariée à un autre qu’elle avait cru aimer et qu’elle ne voulait pas trahir. Avec un soupir désabusé, François crut bon lui avouer les raisons de son départ : — En ce qui me concerne et à la lumière de ce que vous m’apprenez ce matin, je regrette aujourd’hui de n’avoir pas été plus pressant, de ne pas vous avoir plus bousculée, de n’avoir pas compris plus tôt votre désarroi… Mais il n’est plus temps… Nous avons eu notre heure, nous l’avons manquée, semble-t-il ! En y réfléchissant durant mes dernières insomnies, je me suis finalement dit que vous aviez eu raison de me repousser. Même si cela m’a été affreusement dur à supporter. Sans avoir jamais osé me l’avouer et encore moins à qui que ce soit d’autre, je crois que j’éprouve la même peur de vous perdre que celle qui vous étreint en pensant à ma mort. Je n’ai jamais ignoré notre écart d’âge ; il m’a beaucoup questionné quant au rythme différent du vôtre que j’ai. Par ailleurs, je sais pertinemment que je mourrai sans aucun doute plus tôt que vous. C’est la nature qui nous fit si éloignés par la naissance et la géographie… Nous n’y pouvons rien. Nous devons composer avec. Et peut-être était-ce aussi le destin qui voulait que vous fussiez à Vincent et pas à moi… Vous n’auriez dû être pour moi qu’un ...