1. Portrait volé


    Datte: 04/12/2020, Catégories: fh, hplusag, jeunes, forêt, campagne, amour, soubrette, jalousie, dispute, pénétratio, jeu, mélo, portrait, historique, Auteur: Musea, Source: Revebebe

    ... Élise… et je veux vous aimer au grand jour, vous aimer comme mon épouse, ne l’avez-vous pas compris ?
    
    La jeune femme tressaillit en entendant le comte l’appeler par son prénom avec tant de douceur. Très émue, elle répondit :
    
    — J’ai longtemps cru et je suis restée persuadée jusqu’au bout qu’au lieu d’amour, il ne s’agissait pour vous que d’un défi que vous vous étiez lancé, une provocation de plus… juste pour ensuite vous vanter publiquement de m’avoir eue…
    
    La surprise mêlée d’exaspération se peignit sur le visage du comte :
    
    — Cornebleu ! Madame, en quelle langue aurais-je dû vous le dire ? En latin ? Même Vincent dans son testament s’était rendu compte de nos sentiments mutuels et les avait agréés. Si même votre mari, qui était aussi mon ami, avait compris la teneur et la profondeur de ce que nous ressentons l’un pour l’autre, alors même que ni vous ni moi ne lui avons jamais exprimé dans nos courriers respectifs ce que nous éprouvons, comment vous, avez-vous pu ignorer ce que je n’ai cessé de vous faire comprendre ?
    — Un jour vous avez dit à Solange quelque chose qui m’a toujours fait craindre le pire.
    
    François de Saillant se mit à rire doucement et il contempla la jeune comtesse avec émotion avant de lui répondre avec une grande douceur :
    
    — Je me souviens… J’ai dit le soir de mon arrivée à Solange que je ne m’intéressais jamais à un jupon dès lors que je souhaitais obtenir la robe qui le gouvernait. Et c’est sur cette seule phrase que vous m’avez jugé ...
    ... indigne de vous aimer. Vous ai-je fait si peur que vous avez cru que je voulais vous culbuter pour après m’en prendre à votre camériste ? Je vous rassure aujourd’hui : Solange, si attrayante soit-elle, ne m’a jamais intéressé. Mais je dois vous avouer que j’ai imaginé au début pouvoir par quelques propos badins et flatteries de bon goût, obtenir d’elle des confidences et un accès plus rapide à votre chambre…
    — Oh !
    
    L’air affolé d’Élise à cette révélation donnait au comte l’envie de la couvrir de baisers. Mais conscient du climat trouble de désir qui s’était instauré entre eux, voulant jouir le plus longtemps possible de cette lente progression du cœur à cœur qui mène naturellement les amants à l’étreinte, il choisit d’apaiser le jeu en objectant :
    
    — Mais votre Solange s’est montrée implacable, et bien qu’elle ait paru plus sensible au fil des mois à certaines de mes requêtes – c’est ainsi que je vous fis quelques surprises pour votre anniversaire et à quelques autres occasions –, elle se montra d’une rare fidélité et elle ne s’aventura jamais à me livrer vos sentiments véritables à mon égard.
    — Et je ne saurais trop l’en féliciter. De toute façon, je ne m’en suis jamais ouverte à elle non plus qu’à qui que ce soit ici. Il aurait donc été difficile pour elle de vous apprendre ce qu’elle ignorait.
    — Qui donc a reçu vos confidences ?
    — L’abbé Gourié. Il m’a dit que je ne devais pas céder à la passion. C’était quelques jours après la Toussaint… Il m’a recommandé la prière ...
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