Portrait volé
Datte: 04/12/2020,
Catégories:
fh,
hplusag,
jeunes,
forêt,
campagne,
amour,
soubrette,
jalousie,
dispute,
pénétratio,
jeu,
mélo,
portrait,
historique,
Auteur: Musea, Source: Revebebe
... faite à Vincent de vous protéger. Mais force fut de constater que je n’ai jamais pu vous considérer ni comme une amie, ni comme une jeune sœur. Et malgré tout ce qui nous sépare, votre jeunesse et la maturité où je suis, je n’ai jamais éprouvé pour vous que la tendresse la plus vive et la plus passionnée. Même après notre dispute, mon désir de vous était toujours intense et il l’est resté. Et vous l’avez compris puisque vous avez choisi de m’éviter par la suite et jusqu’à aujourd’hui.
Pleine de confusion, Élise ne put que murmurer :
— Je ne voulais pas vous blesser ; seulement… vous savez bien que je ne peux pas vous aimer !
Elle avait martelé les derniers mots avec véhémence et désespoir, de sorte que François enchaîna douloureusement :
— Mais vous m’aimez tout de même… et c’est cela plus que la perte de Vincent qui vous ronge, n’est-ce pas ? Tout comme le désir et l’amour que j’ai de vous me tuent à petit feu… Élise, pourquoi ? Pourquoi nous faire subir une telle torture ? Pourquoi ?
La jeune femme tressaillit et au bord des larmes répondit :
— Vous ne comprenez donc pas qu’il me serait odieux de vous dire oui pour ensuite vous perdre ?
— Que voulez-vous dire par là ?
Alors, tandis que deux larmes perlaient à ses paupières, tête baissée, la comtesse poursuivit :
— J’ai donné mon cœur et mon âme à Vincent. Et il m’a été enlevé alors même que je pensais pouvoir vivre avec lui le bonheur dont j’avais toujours rêvé. Aujourd’hui je suis seule et je ...
... déteste cette solitude ; mais si j’y renonçais pour vous accorder la place que vous réclamez… je finirais par vous perdre et c’est ce que je redoute le plus au monde… J’ai perdu l’homme que j’aimais. Je n’en perdrai pas un autre. Je ne veux plus jamais vivre un tel enfer…
Sous le coup de l’émotion de cette déclaration, le comte questionna à brûle-pourpoint :
— Vous êtes en train de me dire que vous m’avez dit non parce que vous avez peur que je meure ?
— Que croyiez-vous donc ? Qu’il m’était doux de vous voir chaque jour alors que vous m’aviez avoué vos sentiments ? Non. J’étais totalement bouleversée et anéantie par l’aveu que vous m’aviez fait. J’aurais préféré ignorer vos intentions. Parce qu’ainsi, j’aurais pu croire que ce que je ressentais pour vous depuis des mois et dont je ne voulais pas reconnaître ni admettre l’intensité et la profondeur n’était qu’une fumée de tête, le résultat de l’angoisse et de ma solitude ; et si j’avais été sûre comme avant votre aveu que je n’étais pour vous qu’un enjeu libertin de plus, j’aurais évité bien des tourments et des nuits sans sommeil…
Ainsi donc, elle avouait ses sentiments… enfin ! Mais, ironie du sort, Élise ne s’y abandonnait qu’au moment où plus rien n’allait être possible entre eux. François de Saillant en conçut tout à la fois douceur et amertume profonde. Cet aveu extirpé après une joute sans merci avait un goût âpre. Mais, dans un sursaut d’espoir, il murmura tendrement :
— Je vous aime depuis le premier instant, ...