Portrait volé
Datte: 04/12/2020,
Catégories:
fh,
hplusag,
jeunes,
forêt,
campagne,
amour,
soubrette,
jalousie,
dispute,
pénétratio,
jeu,
mélo,
portrait,
historique,
Auteur: Musea, Source: Revebebe
... fixant le comte avec toute la haine dont elle était capable :
— Je ne vous permets pas !
Mais François, enchanté de pouvoir enfin saisir son attention, poursuivit :
— Vous étiez pourtant si désirable dans votre corselet rouge et votre grande jupe turquoise, du bleu même du lac Pavin où j’aimais tant me promener enfant…
— Monsieur…
— Oui je sais, je vous embarrasse ! Mais je dois avouer que je vous ai toujours préférée habillée en sauvageonne plutôt qu’en comtesse respectable. L’habit paysan sied mieux à votre caractère et à votre beauté. Vincent a sans doute déjà dû vous le dire…
À nouveau troublée, désarmée par l’aveu de désir qui avait suivi la remarque méchante, Élise baissa les yeux et répondit d’une voix qu’elle souhaita aussi calme et froide que possible :
— Monsieur, vous vous égarez. Et vous avez interrompu votre explication. Lorsque vous fûtes mandé par mon mari à Beauregard, pourquoi alors ne pas lui avoir rendu la miniature, au moins en la déposant dans un tiroir à son intention ? Et pourquoi n’avoir pas remis cet objet lorsque sa dépouille me fut rendue il y a quelques mois ?
— Pour une raison toute simple, ma chère Comtesse : vous étiez sa femme ; il vous avait eue pour lui entièrement et même lorsqu’il vous fut enlevé, je savais d’avance que vous ne seriez jamais à moi. Votre portrait était donc la seule consolation dont je disposais face à vos rebuffades. Et cette miniature est toujours mon soutien le plus nécessaire lorsque le vague à l’âme ...
... me saisit et que l’insomnie, la tristesse et le dégoût dominent mes jours et mes nuits…
— Allons, que me contez-vous là ! Vous savez fort bien vous divertir quand vous le désirez.
Saisissant un coupe-papier posé sur son bureau, le comte le lissa du plat de la main en répondant :
— Je ne glisse dans le stupre et la luxure que par nécessité d’oublier un moment que vous ne serez jamais mienne. Et j’aurais préféré parfois me perdre corps et âme dans la débauche pour pouvoir enfin me détacher de vous… Mais hélas, vous avez sur moi un tel empire que même le plaisir et l’ivresse dans d’autres bras ont aujourd’hui pour moi un goût amer… Il me faut donc partir. Changer d’air… Les affaires ici vont leur train et, excepté quelques dossiers complexes, Pierre de Giscours, mon intendant, peut parfaitement me remplacer. Et puisque voilà mon forfait découvert, je préfère vous rendre l’objet qui me vaut cet entretien. Je lui dois au moins de vous avoir vue quelques minutes en tête-à-tête et j’ai pu ainsi vous faire mes adieux. Avec tous mes regrets pour la peine que cette découverte a dû vous causer.
Et reposant le coupe-papier pour saisir l’objet, il lui tendit la miniature. Élise s’en saisit mais la reposa aussitôt sur le bureau.
François de Saillant fixa la jeune femme d’un air surpris.
— Vous préférez la laisser ici ?
— Ce portrait n’était pas à moi, mais à Vincent. Et à présent que vous me l’avez rendu et pour être juste, je me dois de faire ce que mon mari aurait fait à ...