Portrait volé
Datte: 04/12/2020,
Catégories:
fh,
hplusag,
jeunes,
forêt,
campagne,
amour,
soubrette,
jalousie,
dispute,
pénétratio,
jeu,
mélo,
portrait,
historique,
Auteur: Musea, Source: Revebebe
... toute votre vie dans ses moindres détails. Et j’aimais cela. J’avais l’impression d’être moi aussi devenu votre amant…
Là, François s’interrompit et fixa son interlocutrice avec feu. Élise détourna les yeux en rougissant. Son cœur battit la chamade lorsque le comte lui demanda avec un sourire moqueur :
— Je vous choque ?
— Que vous importe ! balbutia la jeune femme.
À nouveau, François de Saillant sourit. Un sourire poli qui cachait mal sa joie d’avoir amené ce trouble sur le visage d’Élise de Beauregard. Il prenait une revanche sur tout ce qu’il avait enduré de chagrin, d’amour refoulé pour elle, et il en avait conscience. Mais, magnanime, voulant ménager la susceptibilité de la jeune femme tout en allant toujours plus loin dans la confidence, puisqu’elle le lui avait ordonné, le comte s’enfonça plus profondément dans son fauteuil et d’un ton doux répondit :
— Je comprends votre émoi… mais alors, je n’aurais jamais osé prétendre à plus que rêver de vous… Ce ne fut que lorsque Vincent, voyant que j’allais mieux, me parla de départ, que l’idée de lui dérober le portrait qu’il avait de vous me vint à l’esprit.
— Mais… pourquoi ? s’enquit Élise.
— Il allait vous rejoindre et vous épouser… Moi, je n’aurais même plus eu ses récits pour bercer ma peine. Un soir que nous étions sortis auCadran Bleu à Clermont-Ferrand, un cercle libertin où j’avais mes habitudes, je profitai de ce que la gente Suzanne était occupée avec lui pour enfin vous contempler. Je savais que ...
... Vincent gardait toujours votre douce image dans la poche de son gilet… Mais il était pour l’heure nu et gaillardement occupé. J’ai donc fui les avances de ma maîtresse d’un soir et prétexté de nous chercher du vin pour m’emparer de la miniature… Et lorsqu’enfin je l’ai tenue et ai posé mes yeux sur vous, j’ai compris mieux encore le désir et l’amour que vous aviez inspirés à mon ami et j’ai souhaité vivre cent ans si j’avais le bonheur de pouvoir vous contempler ainsi chaque jour. Mon existence à partir de cet instant reprit tout son sens et je ne pensai plus à remettre le portrait où je l’avais trouvé. Je le glissai dans la poche de mon pantalon et, lorsque je rejoignis ma maîtresse, je la baisai avec l’énergie d’un jeune homme, souhaitant que mon désir vous fasse apparaître à sa place. Et j’ai joui, Comtesse, j’ai joui en imaginant que je vous possédais et vous faisais crier de plaisir.
À ces mots, Élise se dressa frémissante et, serrant les poings, elle glapit :
— Assez ! Taisez-vous !
La colère mêlée à la terreur et au trouble lui avait presque brisé la voix.
Elle était au bord des larmes, avait tout à la fois envie de fuir, de le gifler pour cette ultime provocation et de s’écrouler à nouveau dans le fauteuil derrière elle. Elle tremblait de tout son corps, ne sachant plus si c’était de chagrin, de colère ou de désir.
Le comte, ému par sa détresse mais ne voulant rien laisser paraître, objecta sèchement :
— Ne vouliez-vous pas entendre la vérité ? La ...