Portrait volé
Datte: 04/12/2020,
Catégories:
fh,
hplusag,
jeunes,
forêt,
campagne,
amour,
soubrette,
jalousie,
dispute,
pénétratio,
jeu,
mélo,
portrait,
historique,
Auteur: Musea, Source: Revebebe
... ?
Gênée par le ton sarcastique, la comtesse répliqua :
— Poursuivez !
— Soit. Donc, Solange vous a remis un portrait que vous connaissez bien, puisque vous avez posé à la demande du grand-père de Vincent pour un peintre de cour, spécialisé dans les miniatures sur ivoire, le sieur Ian Domenico Bossi, lorsque vous aviez seize ans. Comment suis-je au courant ? Votre époux était chez moi lorsqu’il reçut ce portrait. Et s’il ne m’a jamais montré votre douce image, il m’a fait part de ce cadeau qu’il avait reçu de son grand-père ainsi que de la lettre qui l’accompagnait. Et il m’a dit à quel point votre beauté l’avait bouleversé. Vous avez appris, je suppose, qu’à cette époque nous menions lui et moi joyeux tapage. Lui pour mieux oublier la jeune femme qui l’avait trahi à Mostaganem, et moi pour extirper mes envies de suicide à la suite de la mort brutale de mon épouse. Vincent et moi étions très proches. Je le considérais comme le jeune frère que je n’ai jamais eu et je trouvais plaisant qu’il tombât amoureux d’une jeune fille simplement en contemplant une miniature peinte sur ivoire. Je lui ai dit que sans doute ce portrait était enjolivé, mais lui, dans sa ferveur, rassemblait ses souvenirs de vous et me disait qu’il était sûr au contraire que le peintre était encore en dessous de la vérité… Vincent s’est mis à vous décrire, à me raconter tout ce qu’il savait de vous depuis que vous étiez venue au monde, vos rencontres, vos jeux, votre enfance… Il était intarissable et ...
... moi je l’écoutais sans déplaisir. Son récit me faisait oublier la douleur de mon deuil et j’entrevoyais avec joie l’union de mon ami avec une femme qui ressemblait dans ses manières et sa beauté à celle que j’avais perdue. Je ne pouvais rêver mieux pour Vincent. Même s’il me dit aussi que votre union avait été décidée par vos parents respectifs, de très longue date.
— Mon mari vous a raconté cela ?
— Oui… et bien d’autres choses encore. À l’époque, il ne souhaitait pas ce mariage car il ne relevait ni de son désir ni du vôtre ; mais votre portrait a opéré dans son cœur un changement radical. Il a compris à quel point ses parents et les vôtres avaient choisi pour lui la jeune fille la plus conforme à tous ses désirs… et s’il n’avait eu à me soutenir, je crois sans peine qu’il serait parti dans les trois jours vous rejoindre et vous assurer de ses sentiments. Mais il ne voulait pas me laisser seul. Il avait peur que j’attente de nouveau à ma vie… aussi, il prolongea son séjour de longs mois… et pour me distraire, me parla de vous chaque jour alors que nous soignions mes terres et les serres que j’avais délaissées pendant plus de six mois. Et peu à peu, ses confidences d’amoureux transi me sortaient de mon chagrin, je reprenais le goût de vivre. J’attendais le soir devant un bon marc, au coin de la haute cheminée de pierre du salon, qu’il me lise les lettres de son grand-père et les nouvelles qu’il donnait de vous et de votre père qui était bien malade… J’ai su en quelques mois ...