Portrait volé
Datte: 04/12/2020,
Catégories:
fh,
hplusag,
jeunes,
forêt,
campagne,
amour,
soubrette,
jalousie,
dispute,
pénétratio,
jeu,
mélo,
portrait,
historique,
Auteur: Musea, Source: Revebebe
... Monsieur, je vous en prie…
— Eh quoi, mon cher Pierre, pourquoi donc tant de pudeur ? N’est-ce pas toi qui es venu me trouver pour me demander ma bénédiction il y a quelques semaines ? Et je te l’ai accordée. C’est le moins que je pouvais faire… La jeune femme est charmante, sage, ce qu’il faut de malice et d’aplomb pour entretenir le désir d’un honnête homme et je ne suis pas assez cruel pour t’imposer un éternel célibat.
— Je vous en remercie, Monsieur.
— Eh bien ! En ce cas pourquoi ne pas me dire le résultat de cet entretien ?
— Parce que je ne le connais pas encore Monsieur le Comte.
— Quoi ? La belle Solange aurait-elle demandé un délai pour te délivrer sa réponse ? Je la croyais plus inflammable. La fréquentation quotidienne de sa maîtresse aura refroidi ses sens…
En disant cela, le comte avait froncé les sourcils et passé nerveusement une main dans ses cheveux humides déjà grisonnants. Puis il avait souri avec tristesse.
— Je ne le pense pas, Monsieur. Mais Solange m’a dit qu’elle craignait plus que tout un parjure. Elle a peur que je ne veuille la séduire pour obtenir d’elle des faveurs plus grandes.
— Et quand cela serait, qu’aurait-elle à déplorer ? Ne veux-tu pas faire d’elle ta femme ?
— Solange pense que je la délaisserai aussitôt qu’elle se sera donnée. Elle a peur pour sa réputation…
— Elle ne devrait pourtant rien craindre de toi. Tu n’es et tu ne seras jamais un libertin. Aussi dommage que cela soit d’ailleurs puisque tu te prives de bien ...
... des plaisirs…
— Sans vouloir vous offenser, Monsieur, celui que je souhaite avoir quotidiennement avec elle surpasse tous ceux que vous avez vécus.
— C’est ce que tu crois… Moi qui ai goûté et qui goûte encore régulièrement la fraîcheur de ces étreintes libérées de toute morale, je puis t’assurer que le plaisir y est plus grand et plus complet qu’avec n’importe quelle jeune vierge… La retenue, l’hypocrisie et la pruderie si naturelles à notre monde n’ont plus cours. Tu n’as plus à soumettre mais à t’enflammer du même feu que les bacchantes qui se livrent à ton désir et au leur…
Avec un sourire et tout en caressant sa moustache, le comte repensait à ses derniers ébats avec Évangeline de Crécy. Avec elle au moins, tout était clair. Le plaisir, rien que le plaisir.
Mais Pierre de Giscours n’était pas fait de cette eau-là.
— Je ne suis pas satyre, Monsieur le Comte.
— En suis-je un, selon toi ? Non, ne réponds rien… Je suis stupide de te provoquer ainsi alors même que te voilà aussi pantelant de désir inassouvi que je l’étais au même âge que toi lorsque ma douce Camille, peu avant notre mariage, me demanda de ne la prendre qu’au jour de nos noces. Une torture, mon cher, comme j’en ai rarement connue depuis sa disparition. Mais ô combien délicieuse était l’attente ! Et combien j’étais heureux alors de lui obéir ! Va, Pierre, n’écoute que ton cœur et ta maîtresse… Eux seuls t’apporteront la paix.
Et sur ces paroles, le comte de Saillant se détourna brusquement pour ...