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Portrait volé
Datte: 04/12/2020, Catégories: fh, hplusag, jeunes, forêt, campagne, amour, soubrette, jalousie, dispute, pénétratio, jeu, mélo, portrait, historique, Auteur: Musea, Source: Revebebe
... comte. — Et comment comptez-vous faire pour apprendre sa défaite ? Vous n’irez tout de même pas les espionner… — Si la comtesse ne revient pas à ses appartements dans l’heure, je saurai que le comte est en bonne voie d’obtenir et sa main et son cœur. Ce dernier argument finit de convaincre l’intendant. Tendant la miniature à la camériste, il lui dit gravement : — Très bien, je vous confie le portrait. Mais veillez à ne pas ébruiter son existence après l’avoir remis à la comtesse. — Je m’en garderai bien. Je tiens à ma place de camériste et d’amie aussi sûrement que vous à votre poste d’intendant. Elle allait saisir le portrait quand Pierre se ravisa. — Avant de partir, me laisserez-vous à ce point insatisfait ? — Il est presque sept heures. Les ouvriers ne tarderont plus et je ne veux pas qu’on nous surprenne. — Est-ce à dire que vous m’auriez accordé quelque faveur si nous avions eu plus de temps ? — Je ne vous dirai rien de plus. — Alors donnez-moi un baiser avant de partir. Je ne veux pas vous quitter sans l’échange de votre tendresse avec la mienne. La journée me paraîtrait trop longue avant que de vous retrouver… Solange se mit à rire doucement : — Vous êtes impossible ! Jamais je n’aurais cru cela de vous… Vous paraissiez tellement froid et distant il y a quelques mois. — Ce n’était qu’un rempart pour ne pas risquer d’être découvert et essuyer un refus. Mais à présent que nous voici tous deux réunis ici… dans l’odeur des fleurs… Il ...
... s’interrompit pour l’attirer à lui tendrement et prit une nouvelle fois sa bouche qui s’ouvrit avant même que d’être forcée. Le baiser qu’il lui donna était tout aussi passionné que les deux premiers et Solange se sentait fondre de bonheur. Mais un bruit de pas sur le gravier de l’allée la rappela à la réalité. Elle s’écarta de son amant, saisit la miniature qu’elle enfouit dans son corsage et, rassemblant ses jupes, le cœur affolé tant par le baiser que par son projet, elle s’esquiva par la porte-miroir qui rejoignait l’aile ouest du château. Pierre de Giscours, lui aussi très ému, la contemplait encore lorsque la verrière s’ouvrit et qu’une voix de stentor le fit tressauter : — Qui est là ? — Ce n’est que moi, Comte, répondit l’intendant. Je suis venu vérifier si l’arrosage fonctionnait… Et pour donner le change, il se pencha sur les bacs proches de lui et souleva le tube de bambou qui dispensait l’humidité à trois citronniers. Le comte de Saillant, vêtu à son ordinaire d’un complet simple de lin noir et d’une large chemise de mousseline écrue, apparu bientôt et contempla son intendant d’un air à la fois moqueur et cynique : — Ne serait-ce pas plutôt pour lutiner à ton aise la belle Solange que tu t’es levé si tôt ? Je ne suis ni aveugle ni sourd. Je l’ai vue hier tenant un billet écrit de ta main. Billet que tu avais rédigé un peu plus tôt dans mon bureau avec toute la fébrilité d’un amant. T’a-t-elle donné satisfaction ? A-t-elle accepté tes hommages ? — ...