1. Danielle solo


    Datte: 19/11/2020, Catégories: f, voyage, cérébral, Masturbation jouet, portrait, Auteur: Ortrud, Source: Revebebe

    ... ce froid, plus jamais, jamais de cet ensablement mouvant, de cet entraînement vers le fond des angoisses assommées au lexomil. Plus de ce regard vide vers la fenêtre après le plaisir, pour que le temps d’après s’en aille bon gré mal gré vers l’infini de la petite mort. Ce n’est que devant l’immeuble désigné que l’incongruité dessille les paupières.
    
    — Mais où je vais là ? Qu’est ce que je vais faire chez une autre femme ? On va se branler ensemble, partager une odeur ? Mais enfin, non, ne sonne pas, ne rentre pas.
    
    Troisième étage, un rai de clarté sur un chambranle, une porte qui attend et laisse rentrer la chaleur. Martha, blême, nue, ventre rond, seins lourds, épaules grasses. Affolée, comme Danielle par une audace proche de la déraison. Pourquoi nue ? Une robe de chambre était plus vraisemblable. La fébrilité fige les deux femmes. Danielle se défait, presque avec rage, et après ? Après… elles sont face à face, nues l’une et l’autre, ne se quittant pas des yeux, incertaines, seulement sûres de la charge électrique qui les fait vibrer.
    
    N’importe celle qui s’est abattue sur l’autre. Leurs peaux se sont soudées, elles ont ressenti, sans le détailler le contact des seins, l’appui du ventre et des cuisses. ...
    ... Tête dans le creux du cou, elles sont aux marches du sanglot, enlacées, une, éperdues et ignorantes de ce qu’elles devraient faire. Elles ne se touchent pas, elles s’épousent de la tête aux pieds tant et tant que leurs forces leur permettent de s’étreindre.
    
    — Je n’ai jamais fait ça. La même phrase sort, incongrue, quand seul le silence est susceptible de les emporter. Elles renoncent, se frottent, corps contre corps, chacun recherchant l’accomplissement dans la présence de l’autre. La chaleur se transforme en transpiration, les seins glissent, les ventres ruissellent et, lentement, doucement, elles tanguent vers un lit ouvert, déjà taché, s’y affaissent, sans se déprendre pour amorcer le rite de chair. Les mains cherchent, les lèvres s’ouvrent pour recevoir la langue, les formes se reconnaissent au modelage des caresses et les bouches vont à la rencontre des sexes.
    
    Danielle est nue devant la fenêtre de sa chambre, le godemiché pend au bout de ses doigts, elle le laisse échapper, il heurte le sol avec un bruit de balle en mousse et brinqueballe un peu. Elle n’en a plus envie, c’était bien dans sa tête, seulement dans sa tête. Elle éteint son mobile et s’en va sous la douche. Demain, son train est à sept heures. 
«12...6789»