Solstice d'un fleuve - Histoires de Sexe

Solstice d'un fleuve

... Il s’appelle Riton. Mais pour le moment, on n’a pas le temps de bavarder : la metteuse en scène va finir une scène, et enchaîner avec vous. Oui, enchaîner, c’est le mot, glisse-t-elle dans un demi-sourire. Préparez-vous, rajustez votre maquillage : vous allez bientôt commencer. Allez, bon courage : vous allez en avoir besoin !

Je fais un pas pour aller dans la petite salle à côté permet de me refaire une beauté.

— Ah oui, j’oubliais : vous vous êtes purgée avant de venir ?
— Non, je n’y ai pas pensé.
— Ce serait mieux, pour la sodomie, vous comprenez. Rassurez-vous, il n’y pas d’hommes ici pour vous enfoncer leur « truc », mais vous allez être pénétrée avec des objets assez longs : pour vous, ce sera plus confortable si vous vous êtes vidée avant. Tenez, des laxatifs. Il y a des w.c., juste là.

Effectivement : il n’y a même pas de porte de séparation entre les toilettes et le bureau.

— Euh… je suis vraiment obligée de déféquer devant vous ?
— Bah, j’ai l’habitude. Si vous préférez, vous pouvez aller dehors, mais il y a des passants qui vous regarderont de travers, et après, on risque d’avoir des problèmes de voisinage, déjà que notre activité n’est pas du goût de tout le monde. Dans cette ville, il y a des gens un peu psychorigides qui aimeraient bien nous voir disparaître. Ils font circuler des pétitions, sauf qu’on ne mettra pas la clé sous la porte, parce que c’est notre gagne-pain et qu’il n’est pas plus bête qu’un autre. Vous êtes pudique ? Les ...

... débutantes sont souvent comme ça, mais après, on s’habitue et les filles n’y pensent même plus en venant se purger ici, quand elles ont oublié de le faire chez elles. Vous savez, en deux ans, j’en ai vu passer, des drôlesses, avec des gros culs, des moyens, des petits. Sincèrement, vous êtes plutôt bien foutue. Ce n’est pas que je cherche à vous draguer, parce que je préfère les hommes, mais j’ai appris à apprécier professionnellement les charmes féminins. Enfin, ne vous sentez pas gênée à cause de moi : si vous voulez, je regarderai ailleurs.

Elle détourne le regard, mais continue à me raconter sa vie pendant que je me soulage, et me tend en aveugle un rouleau de papier toilette. L’odeur ne semble absolument pas la déranger, mais je tiens à laisser l’endroit aussi propre que je l’ai trouvé. Travailler nue me fait une impression bizarre. Je suis obligée de me maquiller toute seule, parce que la maquilleuse est en congé aujourd’hui. Enfin, une femme vient me chercher. Cheveux gris, toute petite, un sourire chaleureux qui met tout de suite en confiance. Je sais qu’elle pourra tout me demander.

Elle se présente : Lucie, et m’explique qu’elle ne tourne qu’avec des filles, que ce soit devant ou derrière la caméra : le seul homme est le monteur, mais il ne vient pas dans le studio. Puis elle me demande de lui confirmer que j’accepte le BDSM – comprendre bondage, domination, soumission, masochisme. Dans l’affirmative, j’aurais simplement à m’asseoir dans un fauteuil dans le style des ...