1. Les moches sont les pires des salopes


    Datte: 11/10/2020, Catégories: fh, couleurs, complexe, laid(e)s, ffontaine, Auteur: Laure Topigne, Source: Revebebe

    ... stridulation en laquelle je me persuadai entendre un « oui ». Puis soudain, dans un râle qui ne marquait pourtant aucun déplaisir, elle me repoussa rudement, se redressa, hagarde et s’écria pathétiquement :
    
    — Non, Loïc, excuse-moi mais je ne suis pas prête.
    
    Un épouvantable dépit m’envahit, et ce fut avec une terrible immense hargne que je reconnus qu’André avait tort. Atterré et muet autant que paralysé, tremblant de désir contrarié, je la vis se rhabiller en deux mouvements, omettant même de remettre son soutien-gorge qu’elle enfouit dans le sac à mystères.
    
    — Amalia, je suis désolé, je ne voulais pas…
    — Je sais, c’est moi. Mille pardons, je t’expliquerai, jeta-t-elle.
    
    Elle s’en fut avec une célérité incroyable.
    
    —ooOoo—
    
    Elle me téléphona dès le lendemain matin sur mon portable dont je ne me souvenais pas lui avoir donné le numéro et avec lequel je ne l’avais jamais appelée, en répétant qu’elle était désolée. Elle, si calme et posée d’accoutumée, se révéla quasiment hystérique au bout de la ligne. Au milieu de pleurs qui n’étaient pas feints, elle me supplia de lui pardonner me disant qu’elle ne voulait pas que cela se passe ainsi, presque à la sauvette, et que bientôt je comprendrais mieux sa situation. J’eus beau la rassurer de mille manières, lui soutenant avoir trouvé l’héroïne tant que l’épisode charmant, elle ne se calma que lorsque je lui promis d’accepter de la rencontrer à nouveau.
    
    Elle se chagrina encore de ne pouvoir être disponible le ...
    ... vendredi suivant mais s’en dédouana en affirmant qu’elle ferait tout pour se libérer en soirée en cours de semaine. J’avais prévu d’assister mardi soir à un concert dédié à la musique hongroise et l’invitai à se joindre à moi. Je sentis une réticence dans sa voix mais elle avoua que le plaisir de me revoir l’empêchait de refuser et me fixa rendez-vous devant la salle de concert cinq minutes seulement avant la fermeture des portes. J’en conclus un peu hâtivement que la musique hongroise la passionnait médiocrement. Je ne parvins pas à échanger mon billet que je cédai à un collègue de travail tout en réservant deux places contiguës parmi les seules qui restaient disponibles et étaient particulièrement onéreuses. Je me demandais si le tailleur anthracite, et pourquoi pas les bas rouges, seraient de la partie.
    
    Elle me rejoignit en effet à la dernière minute dans une tenue simple et élégante jusqu’au raffinement. Après deux pièces de Kodaly, il y eut un court entracte pendant lequel elle ne voulut pas quitter sa place, et ce fut non sans difficultés que je l’entraînai au bar pour déguster une coupe de champagne. Je l’y sentis nerveuse et tendue. À la fin de cet intermède, je vis un jeune homme se détacher d’un cercle de dandys qui menaient grand tapage pour ne pas passer inaperçus. Il vint droit sur elle et lui fit un semblant de révérence.
    
    — Que devenez-vous donc, chère Amalia ? Voilà longtemps que vous ne daignez plus nous honorer de votre présence. Ce n’est pas bien de négliger ...
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