Les ailes du papillon - Histoires de Sexe

Les ailes du papillon

... était de par son métier de commerciale souvent en déplacement sur la région et, le week-end, chez son ami à Brest.

Corinne était certes attirée par Stéphanie, qui était une assez jolie femme, à l’opulente chevelure noire aux reflets cuivrés, plutôt mince et sportive, mais elle n’envisageait pas une quelconque aventure avec elle. Lorsque la jeune femme rompit avec son ami et qu’elle vint s’en ouvrir à elle, elle accueillit ses confidences avec beaucoup d’empathie et elle-même se livra sans appréhension. Elles partagèrent leur lassitude des hommes, déplorant leur manque de tendresse, leur grossièreté.

Corinne évoqua sa mésaventure avec Philippe.

— On s’était revu mais on n’avait pas sauté le pas. Il avait pourtant l’air intéressé. On s’était rappelé, on s’était fixé rendez-vous pour une balade dans les bois mais en définitive il m’a posé un lapin et il ne m’a pas recontactée. Et moi non plus. En tout cas, ce jour-là, je ne suis pas près de l’oublier.
— Tu as été meurtrie ?
— Même pas. Et puisqu’il n’était pas là, eh bien je me suis baladée toute seule dans la forêt, comme une grande.
— Toute seule dans la forêt ? Tu n’as pas rencontré le loup ?
— Non, mais j’ai rencontré deux papillons !
— C’est tout ?
— Entre autres. Et puis surtout j’ai réfléchi. Je n’ai jamais véritablement cru en cette histoire et donc je n’ai pas bâti de châteaux en Espagne. Je n’ai donc pas été déçue. Et puis cette balade n’a vraiment pas été ordinaire.
— J’ai l’impression. Tu as ...

... les yeux qui brillent quand tu en parles.
— Tu remarques les choses, toi. C’est normal, tu es une femme.

Et elles s’accordèrent à reconnaître aux femmes une plus grande sensualité et une véritable aptitude à la passion amoureuse. S’aventurant sur un terrain plus intime, Corinne confessa avoir, dans sa jeunesse cédé aux avances d’une femme plus âgée – et en conserver un souvenir plutôt agréable.

— Je ne suis pas pour autant lesbienne, se justifia-t-elle sans véritable conviction.
— Moi, je n’ai jamais eu la moindre expérience de ce genre.
— Tu le regrettes ?
— Je ne sais pas. En tout cas, je ne me sens pas prête.
— Quand tu le seras, j’espère que tu m’en informeras.
— C’est une proposition ? fit-elle avec un sourire.
— C’est pour t’appuyer de mes conseils !

La conversation tourna court sur le sujet. Elles continuèrent à se voir et à sortir ensemble et, comme si rien n’avait été dit, n’abordèrent plus jamais la question.

Corinne ne parvenait pas à se satisfaire de ces non-dits. Sans s’éloigner de Stéphanie, elle tenta de se déprendre de cette situation en se rapprochant de sa collègue Lætitia qui semblait particulièrement goûter sa compagnie. Elle ne parvint pas pour autant à faire évoluer leur relation au-delà d’une amicale complicité : comme un fait exprès, chaque fois qu’elles auraient pu – qu’elles auraient voulu – se dévoiler, un imprévu avait fait dévier leurs initiatives et de guerre lasse, Corinne avait temporairement renoncé à spéculer sur leur ...