1. Premier chapitre


    Datte: 21/09/2020, Catégories: uniforme, revede, portrait, historiqu, Auteur: Sarah, Source: Revebebe

    ... confirma qu’il ressentait quelque chose de fort pour cette femme. Une demi-douzaine de femmes du village la saluèrent à cor et à cri quand elle entra dans le restaurant. Assises autour d’une même table, elles parlaient fort et dévoraient de petits gâteaux à pleine bouche. Gary les connaissait de vue et surtout de réputation. Il avait toujours pris soin d’éviter ces commères et leurs ragots qu’elles propageaient comme une traînée de poudre dans la petite communauté.
    
    Lindsay Donovan fit les présentations et Gary les salua tout à tour, mais sans faire le moindre effort pour paraître aimable. Le repas fut long, bruyant et inintéressant. Leurs bavardages incessants lui martelaient le crâne. Il n’eut aucune occasion de discuter avec miss Donovan. Il finit par prétexter un besoin de se dégourdir les jambes pour s’éclipser à l’extérieur. Dehors, le calme l’accueillit et il resta debout, appuyé sur le porche, à contempler les montagnes à l’horizon. Dans son dos, la porte du restaurant s’ouvrit en grinçant.
    
    — Gary, vous allez bien ?
    
    C’était elle, qui venait prendre de ses nouvelles. Ses yeux bleus s’excusaient avant sa bouche.
    
    — Je suis désolée de vous avoir embarqué ici. Ça a dû être un calvaire.
    — Si on les avait envoyées en Europe, les Allemands auraient déjà battu en retraite, je suppose.
    
    Elle pouffa, la main devant la bouche.
    
    — Ces dames ont l’air d’avoir une conversation qui se limite à colporter des histoires, reprit-elle, mais sachez qu’elles m’ont fait ...
    ... beaucoup de bien quand les choses n’allaient pas bien.
    — Je n’en doute pas, elles ont le mérite de vous vider l’esprit.
    — Je vois. Vous m’en voulez, n’est-ce pas ? Comment me faire pardonner ?
    — Un dîner, osa-t-il. En tête-à-tête.
    — Accordé, répondit-elle sans hésiter. Vous venez finir le repas avec nous ?
    — J’y suis obligé ?
    
    Elle s’approcha de lui et l’embrassa tendrement sur la joue.
    
    — Être près de moi, ce n’est pas une torture ? Venez.
    
    Elle lui prit la main et il se laissa entraîner dans le restaurant où le caquetage n’avait pas cessé.
    
    Le lendemain, Gary alla chez George et lui parla des sentiments naissants qu’il ressentait pour miss Donovan.
    
    — Mon ami, je suis heureux pour toi. La solitude ne t’a jamais convenu. Et malheureusement, les rares femmes que tu as connues ne te méritaient pas ! Mais, sans m’avancer, je crois que cette miss Donovan est quelqu’un de bien.
    — George, tu t’emballes ! On va être seuls pour la première fois, il est possible que l’on n’ait plus rien à se dire au bout de cinq minutes. Mais j’avoue que je suis sous le charme.
    — C’est vrai qu’elle est belle, confirma George. Mais les circonstances de votre première rencontre ne risquent-elles pas de t’être défavorables ? Après tout, tu es venu lui annoncer la mort de son fils.
    — Je sais, répondit Gary après un long silence. Il s’est passé plusieurs mois depuis ce moment et elle a l’air d’avoir encaissé le choc. De plus, les nouvelles de son autre fils l’autorisent à être optimiste.
    — À ...
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