1. Premier chapitre


    Datte: 21/09/2020, Catégories: uniforme, revede, portrait, historiqu, Auteur: Sarah, Source: Revebebe

    Février 1943
    
    — George, tu connais mon opinion à ce sujet. J’y suis formellement opposé.
    — C’est une conviction personnelle…
    — Évidemment, le coupa Gary. Que veux-tu que ce soit d’autre ?
    — Cela ne vient pas plutôt de ton entourage qui t’aurait rempli le crâne de ces idioties ?
    — George, enfin, tu connais ma famille, tu les vois tous les dimanches… Je me suis fait mon idée seul. Et je l’affirme, je ne crois pas en l’existence d’une force suprême et toute puissante. De plus, ça fait trente ans qu’on se connaît, et malgré nos différences, on s’est toujours appréciés parce qu’on a toujours respecté l’autre, sans chercher à le juger. Tu ne vas pas commencer maintenant ?
    — Non, bien sûr, excuse-moi.
    — Je t’assure que si tu avais fait la guerre en France…
    — J’ai fait la guerre ! Certes, pas avec une baïonnette, mais j’ai pris part au conflit également.
    — Et tu as fait du bon boulot, je n’en doute pas, reconnut George.
    — Messieurs, nous sommes arrivés, annonça le chauffeur en coupant le moteur.
    — Merci Tyler. Comment s’appelle-t-il déjà ? demanda George en sortant de la voiture.
    — Robert, répondit Gary en s’extirpant à son tour du véhicule.
    — Merci mon père, dit George en réajustant son uniforme. Allons faire notre maudit travail.
    
    Les deux hommes prirent leur mine la plus grave et la plus solennelle en s’avançant vers la maison. Déjà, la porte s’ouvrait…
    
    George O’Leary et Gary McDonnell s’étaient connus en 1913, dans leur état natal du Dakota du Nord. La seule ...
    ... et unique fois où ils l’avaient quitté, c’était en 1917, pour rejoindre la France et combattre les Allemands. Lors de leur première rencontre, George était déjà dans les pas du Seigneur et Gary faisait ses classes dans l’armée. Malgré de grandes différences sociales et culturelles, une amitié indéfectible s’était très rapidement établie. Ce lien fut renforcé pendant la Grande Guerre. Séparés, Gary dans les tranchées et George à l’arrière veillant les mourants, ils correspondirent à travers de longues lettres où chacun décrivait ce qu’il voyait et un dégoût mutuel des horreurs qu’ils vivaient les rapprocha encore. Quatre mois avant l’armistice, Gary perdit un bras dans l’explosion d’un obus et fut rapatrié aux États-Unis. Ne pouvant plus écrire, il ne put donner de nouvelles à son ami et chacun, ne recevant plus de courrier, s’inquiéta d’avoir perdu l’autre.
    
    Lorsque George rentra en janvier 1919, les retrouvailles furent chaleureuses. Malgré son handicap et le traumatisme causé par le conflit, Gary resta dans l’armée. George devint pasteur de l’église du village et la vie reprit son cours, calme et monotone. Les deux amis ne se marièrent jamais. Ils connurent des femmes mais aucune de leurs histoires ne résista à leur amitié. En 1942, lorsque l’Amérique entra en guerre et que de jeunes soldats mouraient tous les jours de par le monde, les deux hommes se portèrent volontaires pour effectuer une mission des plus pénibles. Demeure après demeure, porte après porte, tels deux ...
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