Entre hier et avant-hier
Datte: 07/09/2020,
Catégories:
nonéro,
Auteur: Nicolas, Source: Revebebe
... l’écart, restant proches des parents, se demandant bien comment les choses allaient évoluer, ne sachant qui interroger sur ce que tout le monde savait et qu’il allait falloir apprendre avec l’expérience.
Dans ce lycée on entrait B.E.P.C. en poche, et déjà une première scission se faisait entre les cycles longs qui se préparaient au bac et au brevet de technicien, et ceux du cycle court qui s’arrêteraient au bout de deux ans, après avoir tenté le B.E.P., pour aller travailler, puis reprendre l’exploitation familiale (plus tard quand le père voudrait bien laisser sa place), ou devenir salarié dans une grosse exploitation.
J’étais de ceux qui faisaient partie du premier groupe. Le bac était un objectif lointain, trois ans pensez donc ! Pas le souci du jour, et pour tout dire j’étais aussi à l’aise face à cet inconnu qui m’attendait qu’un poisson sorti de son bocal.
L’installation dans le grand dortoir de cinquante places fut assez facile. Un « pion » canalisait les arrivants, se renseignait sur le nom et le prénom, et affectait une place. Aménagement succinct, un lit métallique étroit, une armoire tout aussi étroite, un couvre-lit vert sombre passé. Cinquante places de ce genre étaient réparties en compartiments de dix par des séparations à mi-hauteur. Pas de cloison, pas de porte, cinquante garçons vivaient là sans aucune possibilité d’avoir la moindre ...
... intimité. Côté sanitaires le tableau était similaire : vingt-cinq lavabos, dix douches, dix W-C. Le dortoir était éclairé par de grandes baies vitrées, occultées pour la nuit par des rideaux de la même couleur que les dessus de lit.
La présence des parents ne facilitait pas le contact entre les nouveaux arrivants. Les mères rangeaient dans les armoires les vêtements. Un observateur averti, au vu du contenu des valises, pouvait déterminer la provenance du lycéen, et le temps qu’il allait passer là, avant de retourner chez lui. Les pères jetaient un oeil par les fenêtres. Puis tout le monde redescendait dans la cour pour les au revoir.
Une fois les parents repartis, commençait la vie de pensionnaire. Le pion prenait ses droits, et commençait son travail. Le règlement s’appliquait avant même d’être connu. Pour le premier soir, le cuisinier, qui rentrait de vacances lui aussi, avait fait les choses en grand. Le repas fut correct, le pain frais, et le verre de vin auquel nous avions droit buvable. Cela ne dura que le temps d’un repas et dès le lendemain matin, je retrouvais avec résignation la qualité habituelle des repas de pensionnat. Ni bons ni mauvais, ni chauds ni froids, servis dans l’ambiance bruyante d’une salle où se retrouvaient trois fois par jour en deux services consécutifs, les cinq cents élèves de l’établissement.
À suivre, peut-être, si ça vous a plu…