1. Entre hier et avant-hier


    Datte: 07/09/2020, Catégories: nonéro, Auteur: Nicolas, Source: Revebebe

    4 - Entre avant-hier et hier
    
    Le temps passait, et pour différentes raisons, j’ai changé de pensionnat et de région. La plus simple de ces raisons et peut-être aussi la plus profonde est que travaillant beaucoup trop et ne mettant pas assez d’ambiance dans l’établissement, les Bons Pères ont prié mes parents de me reprendre avec eux.
    
    Profondément passionné par la nature et la vie au grand air, je passais beaucoup de mes congés chez mes grands-parents, paternels et maternels qui tous quatre habitaient en province, et même mieux à la campagne.
    
    C’est là que j’ai appris beaucoup de choses que ni l’école ni le pensionnat ni la ville n’auraient pu m’apprendre.
    
    D’abord à regarder, à écouter, à apprendre. La vie rurale est sûrement la meilleure école du monde dans ce domaine. Chaque jour, autour de vous se produisent une foule d’événements, de petits faits, de petites choses, qui ouvrent l’esprit dans tous les domaines.
    
    Pour un citadin, une prairie ou un champ de blé au printemps c’est du pareil au même. C’est comme les pelouses de la cité ou du lotissement, ça pousse tout seul. Et tous les vacanciers qui pendant les migrations estivales se croisent sur les routes, et, au hasard des horaires s’arrêtent dans ce petit coin de verdure si sympa pour casser la croûte ou se reposer du trajet en sont restés à ce stade. Peu d’entre eux savent que « l’herbe, ça se cultive », que ce champ au bord duquel ils s’arrêtent et que les enfants, le chien, et même les parents vont ...
    ... joyeusement piétiner, c’est le gagne-pain de l’agriculteur du coin. Combien de ces gens-là accepteraient-ils de voir leur instrument de travail utilisé par d’autres qu’eux, laissé dans un état lamentable sale et abîmé, sans se révolter ? Ne leur jetons pas la pierre, ils n’ont pas eu la chance de pouvoir observer le lent travail de la nature, au fur et à mesure des jours qui passent. Je suis sûr que parmi ceux qui liront ceci, peu auront pris le temps d’observer une graine en germination et son long et douloureux cheminement vers la lumière. Regardez avec moi ce grain de blé : tout d’abord lorsque le germe sort de l’enveloppe de la graine, il y a autant de chance qu’il soit tourné dans le bon sens, c’est-à-dire vers le soleil, que dans le mauvais (vers « en bas »). Il va lui falloir dans un premier temps contourner le grain dont il est issu, et ensuite se frayer un chemin entre grains de sable, graviers, et autres composants du sol avant d’arriver à l’air libre. Soit, dame nature a bien fait les choses, et le grain contient suffisamment de réserves pour lui permettre ce long voyage de quelques centimètres et quelques jours. Mais, imaginez-vous en plein début de croissance, alors que vous n’êtes encore qu’un petit enfant, en train de faire ce qui équivaut pour un humain au parcours du combattant si cher aux militaires. Enfin surtout aux gradés qui regardent, car l’appelé de base lui, ça ne l’enchante pas obligatoirement.
    
    Quiconque a passé quelques heures à contempler ces mystères ...
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