Entre hier et avant-hier
Datte: 07/09/2020,
Catégories:
nonéro,
Auteur: Nicolas, Source: Revebebe
... peupliers et les bouleaux vont du jaune pâle au châtain foncé. C’est une débauche de couleurs comme je n’en ai que trop rarement vu. En tout cas cela m’étonne et m’émerveille. C’est toujours ça de pris.
En plus chaque arrêt, au coin d’un bois de préférence, est l’occasion de découvrir de nouvelles senteurs. Odeur caractéristique des champignons, suave, appétissante. Celle plus chaude et humide de l’humus. Celle également moins poétique mais tout aussi réelle des fumiers de vache ou de mouton que les agriculteurs épandent dans les champs pour préparer leurs labours.
Sur le moment j’ai trouvé que cette route n’en finissait pas. Il faut dire que son tracé particulièrement sinueux était peu compatible avec la digestion sereine de notre repas de midi. Certains de ces arrêts au coin des bois avaient un caractère d’urgence et étaient censés permettre à mes soeurs de prendre le frais. Pas qu’à elles du reste mais je me serais bien gardé de faire remarquer que moi aussi j’étais par moment pressé que nous arrivions.
On a sa fierté n’est-ce pas ?
Ce moment attendu avec plus ou moins d’impatience a fini par arriver. Au sortir d’un bois, la route plongeait littéralement sur une grosse bourgade blottie au fond d’une vallée, partagée en trois quartiers par le confluent de deux rivières. D’où nous étions arrêtés, seuls les toits de tuiles rouges, de cette sorte que l’on appelle romaine, se montraient à nous. Parfois cependant, une tache dorée était visible entre deux. ...
... Probablement un pan de mur. Dans l’air calme de cet après-midi de fin d’été, le soleil haut dans le ciel écrasait de chaleur tout ce qu’il dominait. Aussi animaux et hommes, pour une fois réunis dans la même action, faisaient une bonne sieste réparatrice. Pas une âme n’était visible dans le bourg, pas plus que l’ombre d’un chien ou d’un chat. Il fallait bien être un Parisien pour avoir une activité quelconque, alors que tout le monde faisait la sieste. Un peu à l’écart, à peine visible derrière une haie de peupliers, quelques bâtiments de deux ou trois étages puis encore un peu plus loin à flanc de colline une grosse ferme avec ses hangars à toit de tôle ondulée. Quelques vaches noires et
blanches dans un pré se serraient à l’ombre d’un bosquet, d’autres d’un beau rouge acajou, plus haut sur la colline semblaient paître tranquillement.
C’était là, dans cet établissement, que j’allais passer les huit prochaines années de ma vie de lycéen puis d’étudiant.
Le gros bourg qui de loin s’annonçait si sympathique tint ses promesses même lorsque nous y sommes entrés. Le sud de la Corrèze c’est déjà le sud-ouest, et la vie y ressemble plus à celle du Gers qu’à celle des monts d’Auvergne pourtant pas plus éloignés. La place que nous avons traversée en suivant les indications « lycée agricole » s’ornait d’une grosse fontaine en pierre avec un bassin rond, le tout encadré de platanes qui devaient déjà à l’époque avoir dépassé les cent ans. Autour de cette place, les principaux commerces de ...