1. Mon patron, cet abruti (5 / 7)


    Datte: 07/09/2020, Catégories: vidéox, nonéro, policier, Auteur: Anne Grossbahn, Source: Revebebe

    ... établis sont encombrés de pièces graisseuses et tachées de rouille, d’outils divers et de tout un conglomérat d’objets disparates. Au fond, une porte mène à une pièce qui ressemble vaguement à un bureau, et juste à côté un escalier de béton s’amorce qui s’enfonce dans le sol, sans doute pour conduire au niveau inférieur de la misère désorganisée.
    
    Une volée de marches, puis un quart tournant et une seconde série de degrés, et l’inconnu ouvre une porte de fer à l’aide d’une clé choisie dans un trousseau. Nous voici dans les caves de ce garage pourri, composées apparemment de plusieurs pièces longées par un couloir bétonné éclairé par des ampoules vissées dans des supports grillagés. Nous dépassons plusieurs portes, et en atteignons une dernière qu’une autre clé, manœuvrée par celui qui semble veiller sur les lieux, ouvre à son tour.
    
    Nous sommes poussées dans une pièce, au sol bétonné lui aussi, éclairée par une unique ampoule, et munie d’un minuscule soupirail. Pour tout mobilier, une table visiblement bancale, une chaise qui ne l’est pas moins et un vieux divan crasseux à demi éventré. Je scrute les coins, m’attendant à y trouver un vieillard squelettique enchaîné au mur par les poignets et les chevilles, mais hormis sans doute l’un ou l’autre rat de passage et pressé de s’enfuir, la suite royale semble inhabitée.
    
    — Voici l’appartement de ces dames, annonce l’inconnu en salopette.
    — J’espère que ça vous plaît, lance Darville.
    — Vous allez pas nous enfermer ...
    ... là-dedans ?
    
    Darville me regarde. Ma question semble l’émouvoir.
    
    — Je suis désolé, mademoiselle Saintjean, mais tant que je n’ai pas récupéré ce que votre amie m’a dérobé…
    — Mais c’est… c’est inhumain ! C’est scandaleux ! Je…
    — Oui ? fait-il avec un sourire narquois.
    
    Voyant le visage fermé de Cheryl, je fais l’effort de fermer également mon clapet.
    
    — Il est toujours temps de me restituer les clés, fait doucement Darville.
    
    Je retiens ma respiration, mais pas assez longtemps pour qu’il m’arrive quelque chose, et finis par tenter une explication.
    
    — Mais… on ne les a plus, on vous l’a dit.
    — Laisse tomber, Marielle, grince Cheryl. Ils ne veulent pas nous croire.
    
    Pour la troisième fois en peu de temps, Hubert Darville gifle ma collègue, la prenant une fois de plus par surprise. Le coup claque et résonne dans cette cave vide et sinistre, et Cheryl recule de plusieurs mètres, tout près du divan. Je commence à me poser des questions : serait-il possible que je bénéficie d’un régime de faveur ? Darville me regarde, secouant la tête d’un air navré.
    
    — Elle n’est pas raisonnable. Elle vous coupe la parole, et je n’aime pas ça.
    
    Il s’approche de moi, et désigne Cheryl du menton.
    
    — Vous a-t-elle seulement dit ce qu’elle m’a volé ?
    
    Je garde le silence, parce que je commence à me méfier sérieusement de ses réactions et de sa tendance à distribuer généreusement les beignes.
    
    — Des clés USB, poursuit Hubert Darville, vous le savez. Mais vous a-t-elle montré leur ...
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