1. Mon patron, cet abruti (5 / 7)


    Datte: 07/09/2020, Catégories: vidéox, nonéro, policier, Auteur: Anne Grossbahn, Source: Revebebe

    ... moi évitons toutefois de nous regarder, et de tourner trop ostensiblement les yeux vers la porte ouverte de la chambre de Pauline. Hubert Darville soulève les oreillers et le matelas et jette en tous sens draps et couvertures, mais à aucun moment il ne pense à examiner la sortie de bain, posée négligemment au pied du lit.
    
    -oOo-
    
    Apparemment, Devreux s’est procuré une grosse camionnette, et on nous fait monter à l’arrière, où nous sommes obligées de nous asseoir à même le plancher. Après avoir fermé les portes, les deux hommes nous attachent les poignets, à l’aide de cordes, aux lattes d’arrimage qui courent le long des parois tôlées du véhicule. Nous voyons le concierge s’installer au volant, tandis que Darville s’esquive par la porte latérale coulissante. Quelques instants plus tard, nous roulons à vive allure et chaque cahot, chaque tournant, soumet nos poignets à la torture pendant que nous essayons d’équilibrer notre station assise en posant fermement, jambes écartées, les pieds sur le plancher.
    
    — Où on va, tu crois ?
    — Pas la moindre idée, répond Cheryl.
    — Darville s’est tiré, on dirait.
    — Ouais. Ou alors il est avec sa bagnole, quelque part devant ou derrière.
    
    C’est vrai qu’on ne voit pas où on va. La seule chose qu’on distingue, c’est quelques lambeaux de ciel plombé, au travers du pare-brise, et la nuque et l’arrière de la tête de Devreux, qui émergent du siège conducteur. Il me semble qu’on quitte l’agglomération, mais je n’en suis pas ...
    ... certaine.
    
    Quelques minutes plus tard, les cahots nous apprennent qu’on emprunte une route de moins bonne qualité. Devreux n’a apparemment pas l’intention de nous ménager en ralentissant l’allure de son tape-cul ! Il donne soudain un bon coup de freins, le véhicule vire à gauche et est alors secoué en tous sens, soumettant à rude épreuve nos fesses et poignets, avant de s’immobiliser brutalement.
    
    Nous voyons le concierge quitter son siège et entendons claquer la portière, mais la porte latérale coulissante s’ouvre aussitôt, et Hubert Darville grimpe à bord.
    
    — Pas trop secouées, les filles ? ironise-t-il. Les massages fessiers, il n’y a rien de tel.
    
    Nous serrons les dents, trop hébétées pour répondre. Devreux vient rejoindre son acolyte, on nous détache et on nous pousse dehors. Nous sommes sur une sorte de terrain vague, où pourrissent quelques carcasses de voitures, entre lesquelles on nous pousse sans ménagement jusqu’à un bâtiment construit en blocs de béton, et surmonté d’un toit de tôle. Un type que je ne connais pas, brun et mince, portant une fine moustache et vêtu d’une salopette de mécanicien, nous attend devant une porte de garage dont un des battants est ouvert.
    
    À l’intérieur de la bâtisse règnent des odeurs d’hydrocarbures et de vieux pneus, dans une ambiance crasseuse à faire fuir une meute de clochards. Quelques voitures traînent çà et là, attendant sans doute depuis longtemps une réparation qui tarde à venir pour cause de mécano en crise de flemme chronique. Des ...
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