1. La soirée qu'il ne fallait pas rater


    Datte: 05/09/2020, Catégories: fh, rousseurs, Auteur: Nicolas, Source: Revebebe

    ... perdu, il fait encore jour…
    — Tu vois ça où, toi ?
    — Dans tes yeux : ils brillent.
    — Tu ne peux pas voir mes yeux, trouve autre chose.
    — À travers tes oreilles : elles sont si fines que la lumière passe à travers. Comme une tasse en porcelaine.
    — Tu es né à Limoges ?
    — Non, pas en Limousin : en Auvergne.
    — Bon. Alors, cette omelette ?
    — Peux pas : tu m’empêches de me lever.
    
    Nous avons continué quelque temps comme ça, sans bouger, engourdis de bonheur. Puis nous nous sommes séparés.
    
    — La salle de bain, c’est la porte à droite après l’escalier. Il y a des serviettes sur le bord de la baignoire ; je les ai sorties pour toi.
    — Alors, tout était prémédité ?
    — …
    — Tu ne dis rien ; tu avoues ?
    — Je ne parlerai…
    — Tu te répètes, et je te redis que tu regardes trop la télé.
    — Eh bien, j’avoue : lorsque je t’ai proposé une omelette, je pensais avoir une récompense, après. Mais là, je l’ai eue avant…
    — C’était juste un apéritif.
    
    Elle est revenue de la salle de bain après avoir pris une douche, la tête enturbannée dans une serviette éponge, le corps emballé dans une grande sortie de bain.
    
    — Va te rafraîchir si tu veux, je surveille.
    — On sait faire les omelettes aux cèpes dans la gendarmerie ?
    — J’en sais rien. Mais quand on est seule, c’est un truc qu’on apprend vite, aux cèpes ou à autre chose, du reste. Allez, file !
    
    Ma douche m’a redonné quelque peu la forme. J’ai enfilé mon peignoir et je suis retourné dans la cuisine. Je n’en avais jamais douté : ...
    ... elle avait parfaitement rempli son rôle et l’omelette approchait de son point de perfection. J’ai rapidement disposé les couverts sur la table face à la fenêtre et elle nous a servis.
    
    Nous avons commencé notre souper en silence. Sans nous quitter des yeux. Il s’y lisait beaucoup de choses. Ce fut elle qui rompit le silence :
    
    — Bon, ça va se compliquer…
    — Pourquoi ?
    — Parce que tu veux que je reste.
    — Où as-tu vu ça ?
    — Dans tes yeux.
    — Et alors ?
    — Pour cette nuit, pas de problème. Mais demain, je suis de service.
    — Alors j’irai déclarer la perte de mes clefs de maison. Tu seras bien obligée de venir faire une enquête.
    — Ah non : pour ce genre de problème, c’est Bourdieu qui se déplace.
    — Merci, sans façon ! Mais tu sais, le téléphone ça existe, et le transfert d’appel aussi.
    — Oui, mais moi je suis obligée de résider à la caserne ; et si je suis de service, je ne sors pas.
    — Et c’est un peu tôt pour que moi je vienne, n’est-ce pas ?
    — …
    — Et le tableau de service change tous les jours ?
    — Hélas non, c’est pour une semaine, du samedi midi au samedi midi.
    — Et pendant ce temps-là, tu ne peux jamais t’échapper ?
    — En principe, non ; mais il peut y avoir des arrangements. Comme tu dis, « Le téléphone, ça existe, et le transfert d’appel aussi. ».
    
    La salade a suivi, une belle laitue rouge, croquante à souhait. Puis quelques fruits de saison. Une fois les deux couverts rangés dans le lave-vaisselle, nous sommes repassés au salon. Confortablement lovés dans le ...
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