1. La soirée qu'il ne fallait pas rater


    Datte: 05/09/2020, Catégories: fh, rousseurs, Auteur: Nicolas, Source: Revebebe

    ... troisième ligne, un corps d’athlète dont certaines paroissiennes…) en costume sombre et croix discrète au revers. Une fois que vous aurez croisé madame la Juge d’instruction (« la », elle aussi) en compagnie de son collègue, monsieur le Substitut du Procureur (se substitue également au mari : c’est l’amant de madame la Juge), vous aurez fait le tour du plus gros de la troupe des notables. Quand vous saurez qu’il s’agit d’une « soirée de bienfaisance » au profit d’une association qui œuvre pour l’alphabétisation des filles dans un pays au cœur du continent africain, vous saurez presque tout.
    
    Ah si : il faut que je vous dise pourquoi je suis là. Je remplace donc cette pauvre Gwladys Landeyrat de Marcenat, prisonnière des neiges je ne sais où, et qui était censée représenter notre entreprise. Parce que, entre autres lots qui seront mis aux enchères tout à l’heure, il y a un magnifique salon de jardin en bois exotique sorti de nos ateliers et offert par notre bien-aimé patron. Lequel s’est dépêché d’avoir un rendez-vous très important à Paris pour le même soir, dès qu’il a connu la date de la sauterie. Responsable de la production et célibataire, j’étais donc la victime désignée pour venir présenter notre participation et animer les enchères de sa vente, comme le veulent la tradition (c’est la deuxième année que se déroule cette soirée !) et la présidente de l’association en question (accessoirement femme du Conseiller Général du canton).
    
    Avant mon tour, il y aura eu le ...
    ... très gros panier de produits de canard offert par la conserverie locale, les quatre caisses de vins offertes par la cave coopérative, le jambon offert par les charcutiers de la ville, etc., etc. J’ai donc le temps d’aller faire un tour au buffet et d’essayer de sauver au moins une poignée d’olives et un verre de jus de fruit. Il n’y a pas longtemps que c’est ouvert, mais il ne reste déjà plus grand-chose. En plus, impossible de franchir le premier rang ; même en écrasant gaillardement quelques pieds, je n’arrive pas à progresser d’un pouce. En désespoir de cause, je lance mon bras entre deux incrustés et tente de mettre la main sur quelque petit four oublié. Ma tentative est presque réussie. Mais « presque » seulement, car en même temps que le petit four visé, je ramène la main qui s’en est emparée une fraction de seconde avant la mienne. Un rapide coup d’œil, et la volonté de conserver la main et le reste qui la prolonge s’imposent comme une évidence.
    
    — Désolé, mon capitaine ; j’ai manœuvré au radar et je ne vous avais pas vue.
    — Ne vous excusez pas : j’ai fait comme vous et tiré un peu en aveugle.
    — Je vous laisse votre prise.
    — Merci.
    
    Nous sommes face à face, et autant jusqu’à ce jour je n’avais pas eu l’occasion de prêter la moindre attention à cette femme, autant là je suis obligé de m’avouer que c’est bien dommage. Cette bulle à l’écart des autres où nous nous sommes isolés quelques secondes vole en éclats lorsque l’adjudant-chef se précipite pour faire les ...
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