1. SDF...


    Datte: 20/08/2020, Catégories: fh, hplusag, frousses, rousseurs, inconnu, jardin, collection, volupté, init, Auteur: Jeff, Source: Revebebe

    ... moins qu’elle ne se soit fait embarquer par les flics… Ma nuit est peuplée de dizaines de figures de ces SDF que j’ai croisés cet après-midi, et de temps en temps émerge de ces groupes sa figure, auréolée de ses cheveux roux… Alors j’imagine que nous faisons l’amour, là, au milieu des groupes, à la vue de tout ce monde qui fait cercle autour de nous… et puis, au moment de jouir, elle se sauve ou s’évanouit et je recommence à la chercher…
    
    Dès mon réveil, je néglige mon travail et décide de repartir à sa recherche.
    
    Il faut que je la trouve ! Je remonte le canal. Auprès d’une bande de clodos, entassés et serrés les uns contre les autres, je tente d’obtenir quelques renseignements. Même contre deux litres de rouge, ils continuent à m’insulter grossièrement et débouchent les bouteilles en braillant à qui aurait l’honneur de dépuceler "les demoiselles". Plus loin, un groupe de jeunes, la casquette vissée sur l’occiput, le pantalon à mi-cuisses, une radio braillarde au milieu d’eux, ne daignent même pas lever la tête à mes interrogations.
    
    Je vais jusqu’à demander à un car de flics, stationné au pied de la rotonde de la Villette, s’ils ne l’ont pas vue, des fois…
    
    — Pourquoi vous la cherchez, elle vous a entôlé ? Elle vous a volé ? m’interroge une fliquette.
    — Non…
    — Vous savez, des clodos, et même des filles, ici, c’est pas ce qui manque…
    — Oui, mais elle est rousse, pas très grande, un peu chétive…
    — …
    
    Les agents se regardent puis me scrutent, l’air ...
    ... suspicieux…
    
    — Vous la cherchez pourquoi ? me demande un gros moustachu.
    — C’est votre fille ? l’interrompt un grand maigre.
    — C’est votre femme ? me jette la fliquette.
    
    Comme je ne peux pas répondre, je décide qu’il me paraît plus judicieux de chercher tout seul que de répondre aux questions de la police, et après les avoir remerciés et surtout avant de me faire embarquer moi-même, je m’en vais…
    
    Durant les jours qui suivent, je la cherche encore à travers Paris, m’arrêtant à chaque groupe de clodos, à chaque rassemblement de jeunes. Au bout de quelques jours, je suis même étonné de leur nombre. Jamais je n’aurais pensé qu’il y en avait tant, des SDF. Étonné et affolé. Mais je n’ai pas retrouvé ma jeune rousse.
    
    Et le temps a passé, le souvenir était en train de s’estomper doucement quand, trois semaines plus tard, en ouvrant mon quotidien préféré, je découvre l’enquête d’une consœur journaliste qui avait expérimenté la vie de SDF.
    
    Intrigué et curieux, je lis avec attention.
    
    Elle y parle de la misère de la rue, des bagarres, des empoignades pour un bout de carton, pour un coin de trottoir, pour une arche de pont. Elle explique comment certains les défendent, avec un bout de sucre qui zèbre la peau et empêche la cicatrisation. Elle donne quelques détails sur le racket opéré par des bandes de SDF qui dépouillent ceux qui n’ont déjà rien. Au passage, elle écorne les passants, souvent indifférents à la misère, plus préoccupés par leurs animaux de compagnie, et pleins de ...