1. SDF...


    Datte: 20/08/2020, Catégories: fh, hplusag, frousses, rousseurs, inconnu, jardin, collection, volupté, init, Auteur: Jeff, Source: Revebebe

    ... tout au long de cette soirée, tandis que je m’active dans ma routine de célibataire. De plus, je ne sais même pas comment elle s’appelle !
    
    C’est vrai… je suis un vrai mufle : je l’ai baisée – pardon mais, au fait, en y réfléchissant bien, c’est elle qui m’a baisé - peu importe, on a baisé mais dans l’anonymat le plus complet…
    
    Tant pis, demain… demain je lui demanderai, voilà une belle occasion pour retourner vers le canal.
    
    Le lendemain, je pars plus tôt me promener, pressé de la revoir. Tandis que je me dirige vers le pont, mille questions viennent me hanter qui m’empêchent de profiter pleinement du spectacle de la rue. D’abord, lui demander comme elle s’appelle. Ensuite ce dont elle peut avoir besoin… Et si je lui apportais quelque chose… mais quoi ? Des fleurs ? Ridicule ! Un nouveau bol de Viandox ? Pour la rendre encore malade ? Oublie ! Elle fume pas… En même temps, au fur et à mesure que mes pas me rapprochent d’elle, mon ventre se serre, de petits picotements viennent courir le long de ma colonne vertébrale, mon cœur se met à battre plus fort. Et j’accélère ma marche.
    
    Mais voilà, le long du canal, il n’y a pas de bonnet rouge à pompon violet ! Sous le pont reste une vieille boîte de conserve rouillée, un bout de carton, un vieux morceau de journal et, entre deux pierres du quai un peu disjointes, un morceau d’emballage de capote, coincé. Méticuleusement, je me penche et le ramasse pour le fourrer dans ma poche. À l’évidence, elle n’est plus là. Ni ...
    ... traces, ni message. Elle a changé de coin.
    
    Sans précautions, je m’assois un moment le dos contre le pont, à l’emplacement où hier nous avons fait l’amour. La tête vide, appuyée contre les pierres glacées, je ferme les yeux un instant et revis rapidement la scène de notre étrange accouplement de la veille.
    
    Je ressens la tiédeur de ses seins, la douceur de sa peau laiteuse. La chaleur de son sexe. Je regrette la rapidité de nos gestes, notre silence. Je regrette surtout de ne pas lui avoir demandé au moins son prénom ou son surnom…
    
    Le froid et l’humidité remontent à travers mes vêtements et m’obligent à bouger. En remontant, je décide de me renseigner pour savoir si quelqu’un l’a vue.
    
    Non, l’éclusier ne l’a pas remarquée. J’ose à peine réveiller le clodo du square, qui depuis le matin cuve son kil de rouge et dort à poings fermés allongé sur son banc, son chien ronflant de concert à ses pieds, et qui me marmonne quelques paroles incompréhensibles.
    
    Par acquit de conscience, je descends plus bas, vers la Bastille, puis jusqu’à la Seine, mais point de jeune rousse parmi les nombreux SDF que je croise et dont je scrute les petits groupes.
    
    Le cœur serré, je remonte chez moi.
    
    La soirée s’annonce encore plus morne que d’habitude, la solitude soudain plus pesante aussi. Sans cesse mes pensées volent vers Elle. Elle qui est seule dans la ville. Elle qui dort dehors, dans le froid et l’humidité de la nuit. À moins… à moins qu’elle n’ait trouvé une place dans un foyer ! À ...
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