SDF...
Datte: 20/08/2020,
Catégories:
fh,
hplusag,
frousses,
rousseurs,
inconnu,
jardin,
collection,
volupté,
init,
Auteur: Jeff, Source: Revebebe
SDF… Ces trois petites lettres - ce sigle – les "Unes" de nos journaux écrits, parlés ou télévisuels en sont pleines, de même que nos conversations entre "gens bien comme il faut, assis au chaud dans leur salon". Derrière ces trois minuscules et presque anodines lettres se cachent malheureusement aussi et surtout la misère du monde qui nous entoure, et que nous traversons souvent dans une indifférence notable.
Qu’une main se tende une fois, et notre générosité nous fait donner. Que deux mains se tendent, et nous voilà déjà en train de maugréer. Que trois mains se tendent et nous rouspétons, nous vitupérons la Société qui ne fait rien. Et, pour nous excuser de notre accès d’humeur et de notre refus d’affronter ces mains tendues, nous expliquons que nous ne sommes "… pas Crésus et que nous ne pouvons assumer toute la misère du monde, tout seul !" Et, comme le passant, nous passons notre chemin, les mains fermées et serrées, bien blotties au fond des poches de nos chauds manteaux d’hiver…
Désolé, c’était ma minute socio-philosophico-moralisatrice…
Je n’avais pas emménagé depuis très longtemps dans ce nouveau quartier de Paris, non loin du canal Saint-Martin, que déjà j’avais remarqué bon nombre de ses habitants et de ses habitués. À un pâté de maisons de mon entrée, par exemple, il y a les trois vieilles qui font éternellement les cent pas, espérant emballer encore un client, même tardivement. Plus loin, dans le petit square, traîne un vieux clodo toujours accompagné de ...
... son litron et de son chien, mais qui dort dans une vieille péniche au port de la Bastille, m’a expliqué l’éclusier. Dans ce square on côtoie aussi les groupes de jeunes, garçons et filles qui flirtent, écoutent de la musique et fument d’odorants tabacs… Sans oublier les amoureux, les touristes et les groupes emmenés par les voyagistes. J’ai rapidement pris l’habitude d’aller, l’après-midi, me promener le long du canal pour observer les gens, la rue et les mouvements des rares bateaux.
Mais, Elle, je ne l’avais pas encore vue.
Elle, elle est recroquevillée dans une sorte de sac de couchage olivâtre qui se confond avec la pierre de l’arche du pont qui lui sert de toit. Quand je l’ai aperçue pour la première fois, elle était coiffée d’un singulier bonnet de laine rouge surmonté d’un gros pompon violet. Et c’est cette tache de couleur, incongrue dans ce paysage gris et beige, qui attire mon regard. Mais c’est tout. Je ne fais que voir, ou plutôt entrevoir, une tache de couleur. Une de plus. Et je passe mon chemin, je continue ma promenade.
Le lendemain, la tache rouge et violette est encore là, au même endroit. Appuyée sur la pierre de l’arche. Cette fois, je stoppe mon errance et cherche un escalier pour m’en approcher. Simple curiosité… ou curiosité malsaine ?
Le long du quai, pavé de grosses dalles en pierre de taille, mes pas doivent résonner très fort et sonner clair, car la tache colorée se met à bouger. Enfin elle remue et montre quelques signes de vie. Tandis ...