1. La Tour d'Ivoire


    Datte: 02/08/2020, Catégories: nonéro, policier, Auteur: Lilas, Source: Revebebe

    ... parce que cette dame en question vous avait filé jusqu’à votre studio et pas jusque chez vos parents, alors que vous avez reçu le journal chez vos dits parents. Je vous demande simplement pourquoi vous associez le fait — hypothétique, nous sommes bien d’accord — d’avoir été suivie et le fait d’avoir reçu un cahier dont vous ignoriez l’existence ?
    
    Liana s’arrêta net au milieu du trottoir et fixa M. Tomaze avec incrédulité.
    
    — Parce que… parce que cela concerne des femmes qui me sont inconnues l’une comme l’autre… et que ce sont deux évènements étranges et inexplicables qui se sont passés dans ma vie en l’espace de très peu de temps, admit Liana. Je n’en reviens pas, mais…
    — Vous n’en revenez pas d’être si naïve, coupa M. Tomaze avec un ricanement moqueur. Règle numéro un : ne jamais faire d’amalgame, Liana. Pourquoi croyez-vous que vous m’ayez immédiatement soupçonné ?
    
    Liana se contenta de le fixer d’un air bizarre.
    
    — Parce que, moi aussi, je suis la troisième variante étrange et inexplicable qui s’est passée dans votre vie en l’espace de très peu de temps. C’est bien cela, non ? Suis-je une sorte de mystère pour vous ?
    
    Toujours incrédule, elle hocha lentement la tête.
    
    — Mais alors, continua doctement Tomaze, dites-moi pourquoi je ne peux pas vraiment faire partie des deux autres évènements ? Et aussi pourquoi je n’ai certainement aucun rapport avec ce journal ?
    
    Liana fut contrainte d’esquisser un sourire, à défaut d’une réponse. M. Tomaze eut un ton ...
    ... quelque peu paternaliste lorsqu’il répondit à sa place :
    
    — Parce que je suis le seulévénement — tournons ainsi les choses — qui ne soit pas arrivé par hasard et de manière imprévisible dans votre vie. C’est vous qui avez décidé que nous allions nous rencontrer. Tout simplementvous.
    — Oui, c’est vrai, admit-elle encore une fois, dans un raclement de gorge.
    
    Il la dévisagea d’un air supérieur.
    
    — Eh bien voilà, nous y sommes, dit-il sans cacher sa satisfaction. Et ne vous inquiétez pas de l’effet que je vous fais : tout le monde me trouve mystérieux. Bon alors maintenant, on peut en parler, de ce journal ?
    
    Mais Liana secoua la tête avec obstination. Brusquement, le comportement de l’écrivain l’écœurait presque. Elle pouvait quasiment l’imaginer en train de se frotter les mains de contentement. Cet homme était prêt à faire n’importe quoi pour la mener en bateau, et il pensait qu’elle allait tomber dans ses pièges grossiers ! C’était bien mal la connaître…
    
    — Écoutez, Tomaze, j’ai été heureuse de faire ce bout de chemin avec vous, mais on parlera de mes peintures un autre jour, d’accord ? Je viens de me souvenir que je dois absolument faire quelque chose aujourd’hui. Je vais vous laisser.
    
    L’homme eut l’air plus que surpris.
    
    — Mais attendez, Liana, ne partez pas comme ça !
    
    Puis il ajouta, avec une maladresse qu’il ne se pardonnerait pas :
    
    — Nous allions parler du journal et…
    — Que ce soit bien clair, Tomaze : je ne parlerai de ce journal avec personne, et ...
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