1. La Tour d'Ivoire


    Datte: 02/08/2020, Catégories: nonéro, policier, Auteur: Lilas, Source: Revebebe

    Résumé de l’épisode précédent : Quelqu’un a glissé un journal intime dans la boîte aux lettres des parents de Liana. Surprise et un peu choquée, la jeune femme feuillette rapidement le cahier, sans oser le lire en détails. Cet inexplicable évènement lui fait peur, et elle se tourne alors vers Tomaze, le mystérieux écrivain, pour chercher à en savoir plus. Elle découvre alors qu’elle ne peut se fier à personne, et surtout pas à lui…
    
    « On respecte un homme qui se respecte lui-même. »
    
    Honoré de Balzac
    
    « Le premier devoir dans l’existence,C’est d’être aussi artificiel que possible.Le second, personne ne l’a encore découvert. »
    
    Oscar Wilde
    
    Le mercredi matin, vers huit heures et demie, M. Tomaze était avachi dans le fauteuil du salon et contemplait l’enveloppe qu’il avait reçue la veille. Il la tournait et la retournait entre ses doigts. Il ne l’ouvrit pas, il se contenta de la regarder. Il savait déjà ce qu’elle contenait.
    
    Et cette fois, elle lui était parvenue ici, chez lui.
    
    Chose singulière, puisque personne n’était censé connaître son adresse personnelle, à l’exception de son éditeur.
    
    Et à vrai dire, l’autre seule et unique personne qui savait à la fois qui il était et où il habitait, était Liana. Et c’était lui-même qui lui avait donné ce renseignement, trois jours auparavant.
    
    Il méditait, méditait, et une ride de perplexité barrait son front marqué par les années. Ou par les soucis ?
    
    Quoiqu’il en soit, il fut tiré de cette profonde méditation ...
    ... contemplative par la sonnette de sa porte d’entrée. Une autre ride sur le front vint s’ajouter à la première. Autre chose singulière, il n’attendait personne, et il était précisément huit heures et demie du matin un mercredi, jour de semaine. Trop tôt pour le facteur, trop tôt pour qu’un voisin lui demande un service, trop tôt pour tout, en fait.
    
    Tomaze posa lentement l’enveloppe sur un guéridon, les yeux fixés sur le couloir. La sonnette retentit une seconde, puis une troisième fois, plus nerveusement celle-ci. Comme traduisant l’impatience du visiteur.
    
    « Liana », pensa alors M. Tomaze, dans une intuition fulgurante. Il se leva aussitôt.
    
    Et en effet, c’était elle, les yeux encore bouffis de sommeil, le visage pâle. Elle paraissait anxieuse, pour ne pas changer des habitudes. Sa figure allongée tirait sur un vert pâle plutôt joli, estima l’écrivain avec un ricanement étouffé. Sur ce, il ferma le judas et ouvrit la porte avec la plus grande décontraction possible.
    
    Les yeux de la jeune fille s’illuminèrent immédiatement.
    
    — Ah, Tomaze ! Je me demandais si vous étiez déjà parti à votre bureau. Je vous ai amené des croissants ! Je voulais me faire pardonner…
    
    À ces paroles, elle brandit sous son nez un énorme sac qui sentait bon les croissants chauds.
    
    Et M. Tomaze la regarda comme s’il contemplait une malade mentale particulièrement dangereuse.
    
    — Encore un peu de café ? demanda M. Tomaze sans conviction.
    — Oui, merci, répliqua-t-elle du tac au tac.
    
    Il la ...
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