1. La Tour d'Ivoire


    Datte: 02/08/2020, Catégories: nonéro, policier, Auteur: Lilas, Source: Revebebe

    ... encore moins avec vous. Quant à votre argument, il n’est pas absurde, mais rien ne me prouve définitivement que vous n’avez rien à voir avec cette histoire. À ce que je sache, rien n’arrive par hasard, non ? N’est-ce pas ce qu’on dit ? La chaîne des effets et des causes, un truc de ce genre ?
    
    Tomaze semblait chercher la réponse adéquate, mais elle ne lui en laissa pas le temps.
    
    — Merci pour le café et la conversation. Je vous appellerai. Au revoir, Tomaze.
    
    Elle s’était déjà éloignée de quelques mètres, lorsqu’elle entendit dans son dos :
    
    — Alors nous sommes à nouveau associés ?
    
    Elle se retourna et son sourire énigmatique fut comme une réponse pour l’homme qui la regardait.
    
    Tomaze n’était pas le seul à la regarder. Un homme de taille moyenne, en tee-shirt rouge et bermuda marron, armé de jumelles et d’une casquette représentant l’équipe de foot française, faisait mine d’observer les cheminées en briques rouges d’une très ancienne maison, de l’autre côté de la route. La demeure datait du XVIIème siècle et sa remarquable conservation était d’autant plus louable, mais elle n’intéressait absolument pas ce semblant de touriste.
    
    Tomaze lui jeta un coup d’œil distrait, puis reprit le chemin de son bureau. Le touriste à casquette vérifia qu’il ne revenait pas sur ses pas, et commença à suivre Liana.
    
    Elle entra d’abord chez un libraire. Il attendit quelques minutes avec indolence, puis la vit ressortir, les mains vides. Elle semblait préoccupée. Il empoigna ...
    ... ses jumelles et les braqua sur elle. Elle fronçait les sourcils tout en marchant. Il rectifia intérieurement : elle ne semblait pas si préoccupée, elle était simplement en train de réfléchir. Elle lui tournait le dos, à présent. Il baissa les jumelles. Et faillit éclater de rire lorsqu’elle manqua se prendre un réverbère en pleine figure.
    
    — Eh bien, c’en est encore une bonne, celle-ci ! persifla-t-il intérieurement.
    
    Il ne devrait plus s’en étonner : pour côtoyer l’écrivain, il ne fallait pas être très intelligente. Du reste, il pensait deviner ce à quoi la fille devait réfléchir : la confiance. Devait-elle avoir confiance en ce type ?
    
    — Non, espèce d’idiote !, répondit Charles à voix haute ; puis il reprit les jumelles. « Et moi, je suis là pour que tu ne te laisses pas envoûter par cet enfoiré. »
    
    Il adorait mater ces filles de loin, sans le son. Ces petits culs moulés dans leurs pantalons le ravissaient au plus haut point. Parfois, il tombait sur une jolie fille. Celle-là, l’écrivain ne la revoyait jamais.
    
    Charles ricana, et observa encore un moment Liana, jusqu’à ce qu’elle tourne au coin de la rue. Là, il baissa les jumelles, et fonça dans la direction qu’elle avait prise. Il la vit immédiatement ; elle était debout, à l’arrêt de bus. Il détailla ses seins dans son débardeur orange, la minceur de ses jambes dans son pantacourt vert bronze, ses cheveux noués en chignon dans le creux de sa nuque. L’air de rien, il se glissa entre les passants, et s’approcha ...
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