1. La Tour d'Ivoire


    Datte: 02/08/2020, Catégories: nonéro, policier, Auteur: Lilas, Source: Revebebe

    ... chose de très sombre. Vous comprenez le sens de ce détail ?
    — Non, pas vraiment. C’est une métaphore ? Que la lumière ne peut exister sans l’obscurité, ou que toute chose lumineuse n’exprime pas forcément la gaieté ? Un truc comme ça ?
    — Oui, un truc comme ça, affirma Liana dans un rire.
    — Je préfère vous entendre rire, que de vous voir au bord des larmes, dit soudain M. Tomaze.
    
    Elle détourna la tête.
    
    — Je suis heureuse de vous avoir parlé. Je me sens un peu mieux maintenant.
    — C’est quand votre ami vous a quitté que vous avez arrêté de fumer, n’est-ce pas ? Alors… que dois-je penser du fait que vous ayez recommencé aujourd’hui ? Bonne ou… mauvaise chose ?
    
    La jeune femme haussa les épaules.
    
    — Je ne sais pas. Peut-être que je recommence à vivre, qui sait, murmura Liana.
    
    Elle avait parlé si bas qu’il avait dû se pencher pour l’entendre.
    
    — Mais fumer est nocif pour la santé, et donc l’existence, objecta M. Tomaze.
    — Probablement. Mais au moins, j’ai envie de quelque chose. Et croyez-moi, c’est un grand pas en avant…
    — Hum, maugréa l’écrivain, ne semblant pas convaincu. Et… le journal ?
    
    Liana se raidit, immédiatement sur ses gardes.
    
    — Quoi, le journal ?
    — Le journal que vous m’avez montré dimanche. Qu’en avez-vous fait ?
    
    Liana resta muette pendant un long moment. Ils continuèrent de marcher, en silence cette fois.
    
    — Ce journal vous intéresse beaucoup, Tomaze, déclara Liana, avec une sorte de nonchalance qui déplut à son compagnon.
    — Oui, ...
    ... et alors ? C’est vous qui m’en avez parlé. J’ignorerais encore son existence, si vous aviez gardé le silence.
    
    Elle ne dit rien.
    
    — Et puis, votre… idée d’avoir été suivie m’intrigue. On vous donne un journal intime, voilà qui n’est pas banal. Et vous avez l’impression d’être suivie. Avouez-le donc que ce n’est pas banal !
    — Oui, concéda-t-elle avec mauvaise grâce. Ce n’est pas banal en effet. Mais que puis-je y faire ? On ne m’a pas demandé mon avis… Et puis de toute façon, j’ai aussi réfléchi à ça. Je ne pense pas qu’on m’ait suivi. À quoi cela aurait-il servi ? À qui ? C’était stupide de ma part. Si cette dame m’avait vraiment donné ce journal, elle l’aurait laissé dans la boîte à lettres de mon studio, et non chez mes parents. C’est à mon studio que j’allais ce jour-là. Comment aurait-elle pu se procurer l’adresse de mes parents ? C’était vraiment stupide, conclut-elle amèrement.
    
    M. Tomaze médita un moment sur la question.
    
    — Écoutez, je ne pense pas que vous ayez été suivie, moi aussi. Je ne voudrais donc pas aller dans votre sens, mais je me plais à utiliser les méninges que notre cher créateur nous a probablement accordées avec une idée bien divine derrière la tête — aussi divine que secrète ajouterais-je — mais, quoi qu’il en soit, je ne vous demanderai qu’une chose : pourquoi associez-vous forcément ces deux évènements ensemble ?
    
    Liana lui jeta un regard à la dérobée.
    
    — Comment ça ?
    — Vous me dites qu’il était stupide de penser que vous étiez suivie ...
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