La Tour d'Ivoire
Datte: 02/08/2020,
Catégories:
nonéro,
policier,
Auteur: Lilas, Source: Revebebe
... préoccupé. Et il devait certainement y avoir d’autres causes que cette histoire avec cette Liana…
— Que se passe-t-il, Tomaze ? s’enquit Julien d’un ton mesuré. Je sens bien que tu me caches quelque chose…
L’écrivain eut un sourire sans joie.
— Cher Julien, il faut toujours que tu lises entre les lignes. Quoique, pour une fois, ça m’arrange ! Je comptais t’en parler au déjeuner, mais puisque tu as touché le point sensible…
Tout en parlant, il avait ouvert sa veste et sorti de sa poche intérieure une enveloppe froissée.
— J’ai reçuça en plusieurs exemplaires, annonça-t-il en tendant l’objet en question à Julien.
Ce dernier saisit l’enveloppe et la regarda avec intérêt.
— Qu’est-ce que c’est ? demanda-t-il avec curiosité. Elle n’est pas décachetée…
— Tu peux l’ouvrir, dit Tomaze.
Julien parut hésiter, puis s’exécuta avec dextérité. Il lut le texte, et une ride soucieuse barra alors son front à la peau parsemée de taches de rousseur.
— Mais enfin, qu’est-ce que ça veut dire ? fit-il anxieusement.
— Je n’en ai pas la moindre idée, convint Tomaze avec franchise.
Julien relut une seconde fois le texte, tapé à l’ordinateur, sur une page blanche d’écolier. Puis il le relut une troisième fois, et la ride se creusa encore plus profondément sur son front laiteux.
— Ça ne peut pas être le clergé, affirma Julien.
— Oui, c’est aussi mon idée.
— La mafia ?
— J’y ai pensé aussi. Mais c’était il y a deux ans, pourquoi remettre ça sur le tapis ? Nous ...
... avons réglé nos comptes. Et puis, j’ai déménagé…
— Alors ton client Bernard ?
— Je ne le pense pas. Tu as vu, cette personne insiste bien sur le fait que je ne m’appellepas Tomaze.
Julien pâlit et fixa son ami d’un air inquiet.
— Oui, c’est vrai, murmura-t-il. Quelqu’unsaurait donc ?
— Je crois que c’est la seule explication possible.
Ils n’ajoutèrent rien, même si un nom flottait entre eux aussi réellement que s’il avait été prononcé.
— Tu les as reçues où ? À ton bureau ?
Tomaze soupira et vint s’asseoir devant son ami. Son corps plié en deux paraissait bien moins imposant, et beaucoup plus vulnérable. Son visage était impassible et sa mèche blanche ressortait encore plus que d’habitude contre l’ébène de ses cheveux.
— C’est là que le bât blesse, commença-t-il. Les lettres sont arrivées, il y a un mois. À mon bureau, j’entends. Mais il y a environ une semaine, elles ont commencé à m’arriverchez moi.
Julien sursauta.
— C’est impossible ! s’exclama-t-il. Personne ne sait où tu habites !
— Eh bien si, figure-toi…
Il y eut un bref silence.
— Tu veux parler de moi ? dit Julien d’un ton soupçonneux. Tu crois que j’aurais pu…
— Non, ce n’est pas ce que je voulais dire, bien sûr. Mais je voulais savoir… où as-tu rangé mon adresse ?
— C’est donc ça, tu voulais savoir si quelqu’un avait pu y avoir accès ?
Tomaze hocha la tête. Julien eut un curieux sourire et rendit l’enveloppe à son ami.
— Eh bien, mon vieux, c’est impossible. (Il mit un doigt ...