1. La Tour d'Ivoire


    Datte: 02/08/2020, Catégories: nonéro, policier, Auteur: Lilas, Source: Revebebe

    ... sur sa tempe) Parce que ton adresse est écrite là, par cœur. J’ai une très bonne mémoire visuelle. Tu le sais d’ailleurs…
    
    L’écrivain poussa un nouveau soupir, encore plus lourd que le dernier.
    
    — Tu ne l’as jamais écrite nulle part ? insista-t-il.
    — Les seules fois où j’aurais pu l’écrire, c’est sur des lettres que je t’aurais envoyées. Et tu sais bien que je ne t’envoie rien à ton adresse personnelle.
    — Oui, je sais.
    — Quelqu’un a pu te suivre ? Je veux dire, de ton bureau jusqu’à ton pavillon ?
    — Je fais toujours extrêmement attention. Tu connais ma façon de faire.
    — Ton nom est sur ta boîte aux lettres ?
    — Tu me prends pour qui ?
    — Ta poubelle, alors ?
    — Non plus.
    — Et… il n’y a que moi à qui tu l’aies dit…
    — Non, coupa Tomaze en détournant les yeux. J’y arrivais. Liana est au courant.
    
    Julien manqua s’étouffer, et ouvrit des yeux ronds.
    
    — Quoi ! s’écria-t-il. Tu as donné tonadresse à un client ?! À unefemme ?
    
    Tomaze semblait gêné.
    
    — Elle voulait me voir, se défendit-il.
    —Elle voulait te voir ? répéta Julien avec perplexité.
    — C’était dimanche. J’avais un peu bu la veille et ça ne me disait rien d’aller au bureau pour lui fixer un rancart…
    — Elle voulait te voir un dimanche ?
    — Oui. Et arrête de répéter tout ce que je dis, c’est agaçant à la fin…
    
    Ils se regardèrent en chiens de faïence pendant un moment.
    
    — Elle voulait te voir un dimanche, insista Julien, encore incrédule.
    — Je viens de t’avertir que…
    — Pourquoi ? laissa tomber ...
    ... Julien, lui coupant la parole.
    
    Tomaze lutta pour garder une expression naturelle.
    
    — À vrai dire, je n’en sais trop rien… admit-il. Elle… elle avait reçu un cahier étrange et voulait m’en parler…
    — Un dimanche ?
    — C’était ça l’étrangeté de la situation. On le lui avait mis dans la boîte à lettres de ses parents.
    — Comme c’est mignon. Alors comme ça elle vit encore chez ses parents… ironisa Julien.
    — Oh, arrête. Non, elle ne vit pas chez ses parents, elle y était, c’est tout. Et ne change pas de sujet !
    — Je crois au contraire qu’on est en plein dans le sujet, rétorqua Julien, agressif. Je crois même qu’on y est tellement plongés que je vais perdre pieds… ! Tomaze, dois-je te rappeler le nombre de fois où tu m’as conseillé la plus grande prudence possible te concernant ? Et tu donnes ton adresse à cette fille, à cette étrangère ? Mais bon Dieu, qu’est-ce qui t’a pris ? Tu n’as rien appris de tes erreurs, depuis le temps ?
    — Elle avait besoin d’aide, se défendit Tomaze.
    — C’était quoi d’abord, ce cahier ?
    — Un journal, répondit Tomaze en se raclant la gorge.
    
    Il évitait de regarder son ami dans les yeux. Julien semblait furieux de sa négligence.
    
    — Tu te fous de moi ? C’était un journal ou un cahier ?
    — Je veux dire un cahier intime, un journal quoi. Voilà.
    
    Nouveau silence. Pesant.
    
    — Elle est venue te voir un dimanche pour te montrer un carnet intime ? fit Julien, de plus en plus étonné.
    — Oui. Et le problème, c’est que ce journal a un lien avec ...