La Tour d'Ivoire - Histoires de Sexe

La Tour d'Ivoire

... projet.
— Hum… Et elle est où, cette fameuse Liana ?
— Quelle question ! s’étonna Tomaze avec un nouvel haussement d’épaules flegmatique. Chez elle, évidemment.
— La chose est inhabituelle. Je ne sais pas si on fait bien de s’investir là-dedans.

Julien retourna s’asseoir et jeta un regard pensif sur les clichés qui jonchaient son bureau.

— Pourquoi ? demanda Tomaze d’une voix tendue.
— Tiens ! Parce que j’ignore si ça va me rapporter de l’argent, ton histoire. Si tu écris ce livre, ce ne sera pas une histoire vraie… il faudra ajouter les illustrations, et la couleur, ça coûte la peau des fesses. Les conséquences d’un tel projet sont trop fumeuses. Soit ça passe, soit ça casse. Et si ça casse…
— Oui, je sais. C’est risqué. Je le lui ai déjà dit.

Nouveau silence. Julien dévisageait son ami avec suspicion.

— Qu’est-ce qui t’arrive, Tomaze ? Tu as fini par sortir de ta tour d’ivoire ? Tu n’aurais jamais eu l’idée d’accepter une telle proposition, avant…

L’écrivain se raidit instantanément et regarda son éditeur d’un air hargneux.

— Je ne vois pas ce que tu veux dire, Julien.
— Je parle de ta tour d’ivoire, mon cher. Ce lieu où tu sais si bien t’isoler depuis ton divorce.
— Je t’ai déjà dit de ne plus me parler de ça, murmura Tomaze.
— Oui, naturellement. Ainsi que d’Elizabeth, n’est-ce pas ?

Tomaze glissa ses mains dans ses poches et les serra en poings. La vue se brouillait devant ses yeux, dans un mélange de gris et de blanc ...

... incompréhensible.

Comme il restait muet, Julien leva les mains en signe d’excuse.

— Désolé, mon vieux. Ma langue a fourché. Mais le lien qui te rattache à elle est trop fort pour être brisé. Tu devrais songer à ça.
— Elle ne voudra plus jamais de moi, souffla douloureusement Tomaze. Et tu le sais aussi bien que moi.
— Ce n’est pas une raison pour te réfugier dans ta bonne vieille solitude jusqu’à la fin de ta vie. Alors, elle est jolie, cette Liana ?

Tomaze réussit à sourire, mais ne répondit pas. Julien choisit donc d’éviter le sujet.

— Si on parlait de ton client Bernard ? Où en sont les recherches avec lui ? demanda-t-il.

Tomaze se détendit alors de façon visible.

— Pas très loin. À chaque fois que j’essaie d’en savoir plus, j’ai l’impression qu’on me ferme toutes les portes. Je crois qu’on a ferré un gros poisson…
— Ah ouais ? Ben essaie de ne pas le laisser filer. Et surtout, de ne pas prendre de risques inutiles. Tu te souviens de ton bouquin de l’année dernière ?
— Quand on se fait tabasser, on n’oublie jamais, lança Tomaze, avec une grimace à l’évocation de l’incident.
— Ouais, ben j’aimerais bien que ça ne tourne pas mal. Et j’espère que tu touches pas à la mafia, cette fois. Le dernier coup qu’on a eu avec la pègre, on l’a eu dans le cul.
— Je sais Julien.
— Quant au clergé, il a cessé de t’emmerder ?Les Vitres ardentes est sorti, il y a plus de six mois !
— Oui, je crois. Enfin, je ne sais pas vraiment…

Julien le regarda de travers. Tomaze paraissait ...