1. La lettre


    Datte: 29/07/2020, Catégories: hplusag, nopéné, Auteur: Oxalis, Source: Revebebe

    ... tendu, malgré son sourire un peu distant.
    
    — Eh bien… non, répond-il alors.
    — Vous… voulez monter ? Prendre un café peut-être ?
    
    Les mots ont eu du mal à sortir… Il me considère un moment, son regard bleu vrillé dans le mien, et j’éprouve une telle sensation de malaise qu’il doit s’en apercevoir.
    
    — Excellente idée, déclare-t-il enfin.
    
    Il me fait un clin d’œil complice. Je lui tourne le dos, sors ma clé et ouvre la porte, me sentant étrangement troublée.
    
    Nous savons tous les deux qu’il a voulu monter. Nous avons tous les deux fait semblant de l’ignorer. Un pénible pressentiment m’étreint, et je le regarde.
    
    Il parait tellement loin de moi.
    
    Adam paraît ravi de voir mon studio. Il trouve que c’est assez spacieux et que la déco est intéressante.
    
    J’ôte mon blouson et lui rétorque que je n’aime pas vivre dans un taudis. Il a un petit rire.
    
    Je me tourne vers lui et lui demande son manteau. Il l’enlève, sans me quitter des yeux, et le doute m’assaille.
    
    A-t-il eu une idée particulière en tête en se faisant inviter pour un café ?
    
    — Voilà, dit-il (je prends sa veste et vais la pendre au portemanteau). Je trouve étrange le fait de ne jamais vous avoir croisée ici depuis trois ans. Ça parait tellement simple à présent.
    
    Je me dirige vers la cafetière, sans répondre, la branche, sors du frigo le paquet de café. Je jette un coup d’œil furtif sur Adam.
    
    Appuyé contre le mur, les bras croisés, il me regarde intensément et semble attendre une réponse. Mal à ...
    ... l’aise, je remplis la cafetière à gestes gauches et mal assurés. Puis j’émets un rire. Un rire qui sonne comme étant désagréablement crispé…
    
    — Je ne suis jamais là pendant les vacances, j’explique enfin. Notre rencontre tient du pur hasard aujourd’hui.
    
    Je l’entends s’approcher, mais il bifurque derrière moi et vient examiner un tableau accroché au mur. Reproduction d’un tableau de Monnet.
    
    — C’est peut-être pour cette raison en effet, réplique-t-il distraitement.
    
    Je sors deux tasses du placard, comme dans un état second, du sucre, deux cuillers. Me rends enfin compte qu’il a à nouveau ses yeux posés sur moi. Ce que c’est gênant ! Je lui souris d’un air incertain, mais il ne paraît pas le remarquer. J’ai l’impression qu’il se demande quelque chose à mon propos.
    
    Je lui demande alors s’il prend du sucre.
    
    — Non, merci Élyne.
    
    Nous bavardons de tout et de rien pendant quelques minutes, échangeant des nouvelles des gens que nous connaissons. Je me détends petit à petit.
    
    Lorsque le café est prêt, nous nous asseyons à table avec nos tasses fumantes. Nous buvons en silence. Un silence complice et un peu tendu. Je l’observe en catimini. Il y a dans ses gestes une sensualité refoulée qui me déstabilise. Je le trouve infiniment séduisant, aujourd’hui. Il a toujours constitué pour moi un objet de rêve et de désir un peu lointain, parce qu’inaccessible…
    
    Ensuite, il me demande si ma sœur, qu’il a eue pour élève, va bien, si elle a du travail, ce qu’elle fait ; je lui ...
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