1. La lettre


    Datte: 29/07/2020, Catégories: hplusag, nopéné, Auteur: Oxalis, Source: Revebebe

    ... bière.
    
    Je m’approche de mon lit, la jette sur la couette, pivote sur mes talons en l’évitant du regard, et saisis mon blouson, avant d’ouvrir la porte à la volée et de me glisser dans le couloir. Je dévale les marches deux à deux, l’esprit en ébullition.
    
    * * *
    
    Qu’est-ce qu’il me veut celui-là ?
    
    Mm. Non, ce n’est sûrement pas à moi qu’il s’adresse. Je me retourne, aperçois une jeune femme derrière moi. Voilà sûrement la désignée.
    
    Elle passe près de moi et le rejoint à sa table. Je détourne les yeux et remonte le col de mon blouson. Le soleil est en train de se coucher. Il commence à faire frisquet.
    
    Je sors de la monnaie de ma poche, la pose sur la table avec une moue. Sept francs, un malheureux café. Plus la bière que je me suis envoyée ce matin, ça commence à dépasser mon budget du jour.
    
    Je me lève, et par hasard, rencontre le regard d’une femme, assise sur le bord d’une fontaine à quelques mètres de là. Elle porte un long manteau noir, un béret également noir sur ses cheveux blonds, coiffés en un chignon lâche.
    
    Son regard me met mal à l’aise et j’ai l’étrange certitude qu’elle m’observe depuis un bon moment. Toute à ma réflexion, je ne m’en suis pas aperçue. Elle a l’air d’attendre quelqu’un.
    
    Je détourne les yeux et range la chaise contre la table du café, prends l’addition dans la coupelle, ramasse ma monnaie et vais porter le tout à l’intérieur. Lorsque j’en sors, je constate que la femme en noir n’est plus là. Je l’aperçois au coin de la ...
    ... rue, s’éloignant d’un pas décidé.
    
    Je me dis brusquement que je la connais ou ai dû la connaître; son visage m’a paru familier.
    
    Bah. Je me mets à marcher au hasard sur le trottoir gris. Je ne sais pas du tout où je suis.
    
    Je lève la tête, inspecte la rue, puis me souviens à peu près. Je jette un œil au cadran de ma montre. Il est temps de rentrer. Je soupire lourdement et prends le chemin du retour.
    
    Je m’arrête une minute devant la vitrine d’une librairie et lis les titres des livres. Toutes les douloureuses questions qui m’obsèdent reviennent en force.
    
    Je me mets à trembler, tourne brutalement le dos à la librairie et me cogne aussi sec dans quelqu’un. Je lève les yeux, croise avec la même indifférence un regard indifférent, marmonne des excuses et poursuis mon chemin ; une fraction de seconde plus tard l’homme est déjà derrière moi. Je me ronge les ongles, me demandant encore et toujours quelle sera la réponse.
    
    Mon immeuble se profile contre le ciel rougeoyant et mon cœur se serre à l’idée que bientôt j’aurais à affronter de nouveau la blancheur immaculée de cette longue et belle enveloppe qui m’attend sur mon lit.
    
    Je m’arrête subitement au milieu du trottoir, la mémoire m’écrasant d’un seul coup, bats frénétiquement des paupières et me retourne d’un mouvement brusque. Lui aussi s’est arrêté à quelques pas de moi. Mais c’est…
    
    Il se dirige alors vers moi, et sans vraiment m’en rendre compte, je l’imite. Il a son attaché-case à la main, porte son éternel ...
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