Toute une vie
Datte: 19/07/2020,
Catégories:
ff,
amour,
volupté,
mélo,
Auteur: Ortrud, Source: Revebebe
... quand se présentera devant ses yeux la fente, elle y fait des petits baisers rapides, gênée par son propre plaisir qui monte insidieusement et accepte la contrainte du corps qui s’abaisse doucement, la forçant à appliquer sa bouche à cette bouche verticale. Elles n’ont pas pu attendre, elles devaient se connaître tout de suite, ensemble, en même temps. Alors, elle dévore Julia, elle ne sait pas encore quoi faire des ses mains qui griffent les draps de lin, sa bouche, sa langue se livrent au ballet du plaisir, elle sent les seins de Julia qui frottent son ventre et elle hausse sa poitrine pour accentuer les contacts.
Leur odeur les envahit, que c’est bon, l’odeur d’une autre femme. « Que son sexe est liquide, je lui donne du plaisir, elle est heureuse. » Les pensées se coupent, en tout petits morceaux de plaisir qui crèvent à la surface de leur excitation, deviennent des fragments de pensée, des troncs de phrase, des balbutiements bientôt, remplacés par des petits cris, qui vont en enflant au gré des pics de plaisir. Les mains, enfin, servent la bouche en griffant, écartant, oui, elle l’a fait, elle s’introduit en moi là où je ne l’attendais pas, elle a tout de moi, je vais, je viens, je n’ose pas.
Thérèse, tu es vierge de femme, et déjà tu franchis les limites, que va-t-il bientôt nous rester ?
Et le plaisir remplace tout, jusqu’à l’évanouissement, la chair exulte, se répand, dans les spasmes, maintenant face à face, elles s’étreignent pour ne faire qu’une pendant ...
... que longtemps, longtemps, leurs corps frémissent en vagues irrégulières qui les soudent et les séparent.
Elles se regardent, sans un mot, effrayées de ce qui leur arrive, effrayées de bonheur.
Et la guerre fut oubliée.
Les deux femmes vivaient au rythme de leurs amours. Sans doute usaient-elles avec excès de leurs plaisirs, sans doute firent-elles toutes sortes de folies, allant si loin, si loin, tellement elles savaient que leur désespoir grandissait avec le bruit incessant des bombardiers.
Elles faisaient l’amour partout, ne se retenant qu’en présence de Louise, ravie de voir deux visages lui sourire, sautant de plaisir quand Julia l’habillait en chantant à mi-voix.
Un matin, la voiture grise emmena Julia, et l’enfer fit son apparition. Thérèse ferma son corps, avala ses larmes et pédala de plus belle sur les routes. Elle était morte, ne voyait pas les regards des autres, elle ne s’étonnait même pas des venins qui se répandaient.
— Thérèse, fais attention, les Allemands deviennent nerveux, c’est pas que les résistants soient vraiment dangereux, mais ils commencent à s’enhardir et tu pourrais recevoir un mauvais coup.
Marseille bombardée, les partisans organisaient des poches de résistance sans utilité, créant des martyrs qu’ils décompteraient ensuite pour leur légitimité. Ce fut un temps déraisonnable. Tout ce qui était en plomb passa pour de l’or et les héros se turent.
Les résistants se firent plus nombreux quand les Allemands se furent enfuis. ...