1. Toute une vie


    Datte: 19/07/2020, Catégories: ff, amour, volupté, mélo, Auteur: Ortrud, Source: Revebebe

    ... justifie pas de trouver sa toison, elle n’a pas le temps de raffiner, de faire un cours d’érotisme, ses doigts prennent possession de son sexe, elle les agite, ils s’attardent d’eux-mêmes sur le petit bouton, ils explorent l’orée de la jouissance, elle ne sait plus et elle s’arque dans une respiration précipitée, un halètement feutré, les fesses durcies par la contraction, le plaisir l’envahit, soude ses articulations, ouvre sa bouche, ses yeux s’agrandissent, elle jouit sans pouvoir retenir un cri étouffé par la pudeur.
    
    Thérèse dort, une main entre ses jambes, temporairement apaisée, elle ne connaît même pas le mot de ce qu’elle a fait, elle s’est « touchée » et s’étonne presque de sentir ses cuisses collantes de plaisir gelé.
    
    Julia est assise sur le bord de son lit, en chemise, elle ne sourit pas, elle a écouté, et ses yeux sont curieusement brillants, on dirait presque, là au coin, une goutte qui perle.
    
    Au matin, on boit le café clair des tickets de répartition. 125 g par mois et par personne, et pour Louise, il y a des tickets de viande. Thérèse s’en fiche un peu, parce qu’elle ne se fait pas payer en argent pour ses services, on lui donne « de quoi ».
    
    C’est comme ça que, ce dimanche matin, elle a fait un café, un vrai, avec de la saccharine pour sucrer, mais c’est bon quand même. Il est très tôt, elle a le cœur battant sans trop vouloir savoir pourquoi, elle a préparé un petit déjeuner pour trois.
    
    — J’ai été attirée par l’odeur, Thérèse, même pas le ...
    ... temps de m’habiller.
    — Julia, on oublie un peu la guerre, un moment.
    — Je peux vous faire avoir des tickets, c’est facile.
    — Non, c’est mon cadeau.
    — Mais à quelle occasion ?
    — C’est mon anniversaire, j’ai 21 ans, je suis majeure.
    — Je vous embrasse, je peux ?
    
    C’est un baiser entre étrangères ; normalement, on se penche en avant, en tendant la joue. Allez savoir pourquoi, on ne s’est pas penchées, on n’a pas tendu la joue. Les deux corps se sont effleurés, fugaces, une main est partie seule se poser sur une épaule, l’appui de la tendresse.
    
    — Thérèse, mais vous pleurez, pourquoi ? Oui, je comprends, vous êtes seule, sans parents, c’est difficile.
    
    Tout se bouscule, au fait, je pleure pourquoi ? Et Louise qui est toute étonnée, pas lavée pas habillée, elle ouvre des billes de clown. Rire et larmes.
    
    — Thérèse, je vous en prie, je ne suis pas la cause, même si je suis une allemande, je ne veux pas vous faire mal. Thérèse, ne me regardez pas comme ça.
    
    Et la guerre vola en éclats.
    
    Les deux femmes sont l’une contre l’autre, en bafouillant, les mains dans les cheveux de l’autre, joue contre joue, mais aussi, les lèvres sur le cou, les seins contre les seins, ventre à ventre, elles sont là, épaves conscientes d’un monde qui ne les reconnaîtra jamais. Le baiser, le premier baiser de Thérèse, unit leurs bouches, pendant que les mains étreignent, n’osent pas toucher mais saisissent déjà la chair pudique.
    
    — Tu aimes les femmes ?
    — Je ne sais pas Julia, je t’aime ...
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