1. Le temps du désir


    Datte: 27/06/2020, Catégories: ff, jeunes, école, amour, init, confession, Auteur: Coqueluche, Source: Revebebe

    ... cède la place ensuite à celle de Loreena : une voix d’elfe, de fée… je ne saurais pas la décrire avec des mots. Et il y a surtout ce refrain d’une sensualité absolue qui mêle deux voix féminines semblant faire l’amour :« All for the love of you »… Moi, je l’ai traduit par« Tout cela pour l’amour de toi ». Les accents du désert dans le rythme mais aussi la profondeur nocturne des paroles, m’ont touchée. Et j’ai le corps de Cassandre accroché au mien comme un bigorneau à son rocher. Le nirvana.
    
    On a acheté deux exemplaires.
    
    — Ce soir, à vingt et une heures, on l’écoutera, me murmure ma muse, alors que nous sortons du magasin. Pas de portable, mais je saurai que tu es dans ta chambre. Je serai dans la mienne. Et au même moment on pensera l’une à l’autre.
    — En communion télé musicale ? On pourrait même se mettre à danser chacune de notre côté ?
    — Arrête de me charrier !et de nouveau un coup d’épaule… décidément c’est une manie chez elle !
    
    Il nous restait vingt minutes avant le bus. On s’est calées dans un recoin du parc qui fait face à la gare routière, à l’intérieur d’un petit édifice de pierres avec une couverture en demi-cercle. Le mur intérieur s’orne d’une niche vide, à mi-hauteur. Sur les côtés, des replats forment des espèces de bancs. Le sol est jonché de détritus.
    
    — C’est un ancien oratoire voué à la Vierge, me précise Cassandre. Autrefois, tous les 15 août, les jeunes filles venaient y déposer une mèche de leurs cheveux pour trouver un mari.
    — Moi je ...
    ... serais venue pour y trouver une nana ! répliqué-je en m’asseyant sur la pierre froide.
    — T’es incorrigible… Tu peux pas t’empêcher de provoquer, soupire-t-elle.
    — En tous cas, là on est tranquilles !
    — Pas la nuit, tu peux me croire. Y a un tas de jeunes qui viennent se bécoter dans le coin et boire des bières, fumer et… tout le reste.
    — T’as vécu l’expérience ?
    — Non ! Pourquoi tu dis ça ? proteste-t-elle.
    — Ben, t’as dit « tu peux me croire… j’en ai déduit que…
    
    Elle me flanque un coup de poing dans l’épaule :
    
    — Arrête de dire des conneries. Je le sais parce que mon père a fait circuler une pétition pour que ce lieu sacré soit protégé contre ce genre de sacrilèges ! Il paraît que ce seraient des membres de ma famille maternelle qui auraient fait don de cet édifice à la paroisse… au XVième siècle ou quelque chose comme ça.
    — Une noble famille, alors… Tu as du sang bleu ?
    — Non, rouge, comme le tien, fait-elle en haussant les épaules.
    — Une particule peut-être ?
    — Oui, mais élémentaire !
    
    Des fois, elle m’impressionne. On est bien tassées l’une contre l’autre, parce que le banc est étroit. Je jette un coup d’œil à droite puis à gauche, personne en vue. J’en profite. D’une rapide torsion du buste, je me projette en avant. Elle n’a pas le temps de protester : je lui claque un baiser humide sur les lèvres. Elle ne me repousse pas. Au contraire, elle me retient pour prolonger le baiser. J’ai la nette impression qu’en même temps ses yeux sont deux périscopes qui ...
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