1. Le temps du désir


    Datte: 27/06/2020, Catégories: ff, jeunes, école, amour, init, confession, Auteur: Coqueluche, Source: Revebebe

    ... explorent les alentours au cas où…
    
    Sa langue s’est calfeutrée dans ma bouche où elle roule des mécaniques autour de la mienne. C’est un vrai bécot de voyou qu’on échange, en apnée… pas le temps de respirer. On est à la merci d’un promeneur importun. Je sens sous ma main, indiscrètement posée sur sa cuisse, la douce chaleur qui irradie de sa peau à travers le tissu léger de sa robe. Elle se laisse caresser. Quel vertige de lutiner le chemin qui part de son genou jusqu’à son aine. Enfin, mon rêve de naviguer sur le fleuve de sa cuisse se réalise… je voudrais seulement que ce soit sur sa cuisse nue ! Ses doigts furètent dans mes cheveux, impérieux, m’empêchant de redresser la tête.
    
    Un bruit suspect : on se redresse comme deux gosses prises en faute, haletantes, rouges comme des pivoines. Ce n’est rien qu’un merle qui cherche pitance dans l’herbe.
    
    — Oups, fait-elle, je crois qu’on a fauté ! C’est un avertissement de la Vierge !
    — T’es toquée… y a pas de vierges, ici. Et,in petto, je réalise que j’ai tort : il y en a au moins deux !
    — Ce n’est pas parce que sa statue a disparu que son esprit n’est pas resté dans le coin !
    — Ben, elle a qu’à nous soutenir. C’est une femme, bon sang… elle doit savoir ce que c’est, non ? Je veux bien me raser le crâne sur le champ et lui offrir ma tignasse, si elle accepte de nous protéger !…
    — Bon sang, Axel, je vais rater mon bus !
    
    Elle s’est levée, mue par un ressort extra élastique, et s’est ruée vers la gare routière. J’ai ...
    ... voulu la suivre avec mon vélo, mais elle m’en a empêchée :
    
    — Faut pas qu’on nous voie ensemble, s’est-elle écriée… Elle a ajouté : n’oublie pas, ce soir, neuf heures !
    
    J’ai regardé le fin sillage bleu de sa course sur le sable jaune de l’allée du parc s’amenuisant comme celui d’un oiseau de mer filant vers le large. La traîne d’or de sa chevelure la suivait ondulant au vent de sa course. Quelle étrange et poignante impression m’a rappelé, à cet instant, un tableau de Münch. Son titre ?La séparation. J’ai regardé ma poitrine. Elle ne saignait pas.
    
    Vous pensez bien qu’à vingt-et-une heures, je suis dans ma chambre. La musique de Loreena résonne dans mes écouteurs – mon père est revenu et il n’est pas question de l’importuner par l’émission de décibels outranciers – lorsque je tombe sur le morceau « Marco Polo ». Je ne peux pas m’en empêcher, je me lève, et je commence à me déhancher sur le rythme lent et chaloupé de cet air forgé dans le feu lascif de la danse orientale. Yeux clos, bras de crotales au-dessus de ma tête, le dos droit et sec comme un bambou, les pieds légers, aériens… faire osciller mes hanches sans que le buste ne bouge d’un pouce, voilà le défi. J’ai l’impression que mon ventre se fait constricteur, qu’il malaxe mes intestins pour que le bassin se balance… tandis que mes cuisses se tendent, se tordent, travaillent à l’équilibre. Sur mon torse immobile, les bras s’enroulent, les poignets se délient. Je ne force pas pourtant. La musique me porte.
    
    En ...
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