Le temps du désir
Datte: 27/06/2020,
Catégories:
ff,
jeunes,
école,
amour,
init,
confession,
Auteur: Coqueluche, Source: Revebebe
... peut rien se dire !
— J’aime pas les portables.
— Tu fais rien comme les autres, toi ! T’es chiante parfois.
— Que veux-tu qu’on se dise ou qu’on s’écrive ?« Salut ! Je viens de prendre ma douche, je suis contente, je suis propre ! J’ai mis le couvert, quelle corvée ! Je me couche je suis trop naze… Tu parles de conversations ! Ça finit toujours par des banalités. Au moins, sans portable, quand on se retrouve, c’est chaque fois nouveau, inédit, surprenant. Y en a, ils s’envoient des SMS alors qu’ils sont à deux doigts de se retrouver…« T’es où ? – Sur le trottoir d’en face ! – Trop cool ! Attends j’arrive…» C’est complètement con !
Au moins, je parviens à la faire sourire. Elle me donne un coup d’épaule.
— T’es bête !
— On n’a pas besoin d’être les uns sur les autres, comme ça. Ça fait du bien de couper le contact, non ? J’aime bien imaginer ce que tu fais quand on n’est pas ensemble… Est-ce que tu penses à moi ? Est-ce que tu lis ? Est-ce que tu dors ? Est-ce que tu fais la vaisselle ? Je fantasme, quoi ! Avec le portable, je saurais tout. Pas de mystère.
— Ouais… mais si je veux te redire que je t’aime… ou que j’ai envie de t’embrasser…
Comment elle me dit ça ! Elle a le feu aux joues. D’ailleurs, elle me regarde pas. Elle ose pas ! Et je vous dis pas l’effet que ça me fait. J’ai envie de bramer comme une biche en rut dans les bois du printemps ! Une biche qui attend la biche, pas le cerf… et pas seulement au printemps !
— Simple : tu me l’écris, tu dates, ...
... tu signes, tu postes. Je reçois ta missive le lendemain… et là ton humeur n’étant plus du tout la même, ça me fait une consolation… je me dis qu’au moins, la veille, tu m’aimais ! Et peut-être même qu’on peut rattraper le retard pour le baiser… en paiement différé, quoi !
— Axel ! soupire-t-elle.
Mais je suis lancée. Fallait pas me connecter sur ce sujet.
— Et puis, imagine, Cassandre : tes textos, ils s’en iront dans la nuit intersidérale ; une fois lus… disparus, évaporés… oubliés. Tandis que ce petit morceau de papier, ou cette carte postale que tu m’auras envoyée et sur laquelle tu m’auras écrit des mots d’amour, dans cinquante ans je la retrouverai dans un tiroir de ma commode : elle aura encore des traces de ton parfum et, te connaissant, la marque de tes lèvres en guise de signature, tu sais comme avec la petite blonde sexy de Ronan Luce. Je pourrais poser mes lèvres aussi, à l’endroit – sacré, bien sûr ! – où les tiennes se seront attardées… Tu comprends ? Notre présent serait impérissable. Il y aurait toujours une trace de toi dans ma vie, même si le sort ou une rupture nous séparait… Tu me vois embrasser un écran de portable ou d’ordinateur ?
— Dans le genre givrée romantique à donf, tu surpasses tout le monde, toi ! Sans déconner, Axel, t’as pas envie d’échanger des mots doux avec moi ?
— Pour qu’on se fasse piéger ? Tu veux que ton père, ta mère, ou n’importe quel connard indiscret découvre notre secret ?
— J’avais pas pensé à ça ! avoue-t-elle avec un ...