Le temps du désir
Datte: 27/06/2020,
Catégories:
ff,
jeunes,
école,
amour,
init,
confession,
Auteur: Coqueluche, Source: Revebebe
... fête. Je me contente de mener mon vélo vers l’abri consacré aux deux roues. Elle me suit.
— C’est pas après toi que j’en ai, me rassure-t-elle. Mais lui, je peux plus l’encadrer. Je te l’ai pas dit, mais, la semaine prochaine, mes parents s’en vont, comme tous les ans faire un pèlerinage à Lourdes. Mon père fait partie des Monfortains, des bénévoles qui s’occupent des malades. Habituellement, je les accompagne, mais cette année, avec le bac, ils ont décidé de me laisser à la maison. Et ce connard d’Éric leur a proposé de m’inviter chez lui le week-end prochain pour faire des révisions… Enfin, je veux dire que ce sont ses parents qui ont fait cette proposition.
— Ah ? fais-je un peu désorientée. C’est bien…
— T’es conne ou quoi ? Il va me coller, il va me faire chier pour qu’on sorte ensemble… comme d’habitude. Il fait une fixation sur moi… T’avais pas compris ?
— Euh… non !
Elle soupire.
— T’es pas aussi intelligente que j’le croyais, alors. Ou pas très observatrice. J’ai pas envie de parler de ça, de toute façon.
— Bon ! Très bien.
— C’est avec toi que je veux faire mes révisions. Éric, il en fout pas une rame ! Toi au moins, tu touches ta bille et je sais que tu veux que je réussisse. Et puis, on s’entend bien, non ?
— Euh… c’est tout ?
— Tout quoi ?
— On s’entend bien… c’est tout ? Ça va pas plus loin ?
Coup d’œil en coin. Trouble sur ses joues qui rosissent… Je la touche là où ça la dérange… aux entournures, en quelque sorte.
— Tu sais bien que ...
... c’est pas si facile.
— Ah ! C’est donc Gollum, aujourd’hui.
— Pardon ?
— Gollum, un personnage duSeigneur des anneaux qui oscille entre le bien et le mal, en gros complètement schizo !
Elle me lance un regard noir.
— Je suis schizo, moi ?
— Totalement, chérie !
Ça l’a énervée. Mais je ne sais pas si c’était rapport à sa folie ou rapport au « chérie » ! On n’a pas eu le temps d’en débattre, vu qu’un troupeau d’élèves de la classe est venu se joindre à nous – surtout à Cassandre. En cours, elle est quand même venue s’asseoir à côté de moi. De temps en temps, son coude s’est appuyé contre le mien avec une insistance suspecte. Mais comme elle évitait résolument de me regarder, j’ignorais si c’était pour me taquiner ou juste par inadvertance. De toute façon, elle avait pas quitté son air renfrogné.
Pour vérifier, j’ai glissé ma jambe contre la sienne. Elle m’a aussitôt fait les yeux de Médée. Madam Thomachevsky a fait celle qui ne se rendait compte de rien, mais je suis sûre qu’elle était au fait de notre petit manège.
Pendant les quatre heures de la matinée, les propos longs des profs bercent nos esprits d’une langueur monotone. Le temps s’étire avec la lenteur d’un aï dans son arbre tropical. Aujourd’hui d’ailleurs, la chaleur en classe est étouffante… (attention à pas inverser les noms !)
À la récré, Cassandre me lance en aparté :
— Pourquoi t’as pas de portable ? Au moins on pourrait échanger, se dire des trucs… Là, avec tout le monde autour de nous on ...