Nuit d'hôtel - Histoires de Sexe

Nuit d'hôtel

... plus, je leur trouvai une ressemblance physique avec Marthe Keller au moins par le sourire à fossettes ! Je n’avais pas baisé avec n’importe qui, en fin de compte.

— Tu n’as pas baisé, avec n’importe quoi, en fin de compte, me dit à voix basse mon ami. Quand je pense que si j’étais monté en premier cela aurait pu être moi !

Je lui souris, je souris aux Allemands avec une sorte de fier petit rire intérieur. Le patron rappliqua avec une bouteille de champagne dans un sceau à glace.

— Bon anniversaire ! dit-il aux Allemands.

Il était suivi d’un serveur avec une bouteille de blanc sympa de la région que nous avions commandée. Le patron fit sauter le bouchon en servant les Teutons, tandis que le serveur fit de même pour nous. Un des gros Allemands la bouteille à la main vint vers nous. Merde, il va m’assommer avec, le cocu ! Non il voulait simplement trinquer à son anniversaire de mariage. Il parlait très bien français avec un léger accent. Brave con, cocu mais content ! J’aurais tout vu.

Manu éclata de rire :

— Vive l’amitié entre les peuples, allez, je paie ma rôteuse !

Je restai éberlué. Manu riait de la situation, elle l’amusait beaucoup. J’en aurais peut-être fait de même après tout, alors pourquoi ne pas en profiter. Le patron revint avec une autre bouteille et une flûte pour lui. On aurait dit qu’il était au courant et que la situation le faisait beaucoup rire. Décidément, je n’étais pas au bout de mes surprises. Mais après tout, il faut profiter de ...

... la vie.

Mon portable se mit à sonner : ma femme. Je me retirai un moment pour répondre et envoyer quelques banalités, quelques mots de tendresse. Je lui dis que j’avais retrouvé Manu, elle me dit d’être sage avec ce vieux lascar. Si elle savait ! Je promis, bien sûr.

Je revins à la table :

— Alors, c’était ta femme ? Elle va bien ?

Le salaud de Manu, il fallait en plus qu’il en rajoute assez fort. La femme dont c’était l’anniversaire de mariage, celle qui avait commencé à me sucer, me sourit. On aurait dit que malgré la barrière de la langue, elle avait compris sans que son mari traduise. Mais il s’empressa de le faire. Je continuais de me retrouver dans une scabreuse situation.

Pour me créer une contenance, je tentai d’évoquer nos souvenirs en Ovalie (pour les ignares, l’Ovalie, c’est le rugby). Mais ce fut peine perdue, Manu s’était lancé dans une grande discussion avec l’Allemand. Tant et si bien que, bien entendu, il arriva à ses fins et, avec l’aide du patron riant comme d’une bonne blague, il rapprocha les tables respectives et tous de s’esclaffer: Allemands jeunes ou vieux, femmes, hommes, et Manu, et moi, mais moi plus difficilement.

— Mon ami est timide, il n’ose pas déranger, allons mets-toi à l’aise avec nos beaux amis allemands et ces belles allemandes.

Et Manu, joignant le geste à la parole, embrassa la femme la plus proche. Ceci eut pour effet de provoquer un redoublement des rires teutons et de me mettre de plus en plus mal à l’aise.

— ...