Fin du monde sur canapé
Datte: 03/06/2020,
Catégories:
sf,
Auteur: Hidden Side, Source: Revebebe
... ralluma le petit téléviseur, zappant d’une chaîne à l’autre. Il lui fallut plusieurs minutes avant d’admettre que l’écran n’afficherait rien d’autre qu’une neige crépitante. Il essaya alors la radio, balayant les ondes pour y débusquer un signe de vie, une raison d’espérer. Il ne capta qu’un concert de parasites, aussi uniforme que déprimant. Quand il décrocha le combiné du vieux téléphone, il constata que la ligne était morte.
Peu à peu, Alain prenait pleinement conscience de la situation. Certes, l’abri antiatomique l’avait sauvé. Mais il l’avait aussi totalement isolé du monde extérieur. Il était tout autant incapable de communiquer avec la surface qu’un astronaute en perdition aux confins du cosmos. Désormais seul dans ce bunker, il allait devoir affronter des semaines d’enfermement, peut-être même des mois. Cette pensée lui donnait à nouveau envie de hurler. Puis il réalisa l’indécence qu’il y avait à gémir sur son sort, alors que, partout dans le monde, des millions d’hommes et de femmes se trouvaient exposés aux radiations. En puissance, des centaines de millions de morts et de sans-abris. Dont sa famille.
Alain, recroquevillé dans le canapé du salon, resta éveillé une grande partie de la nuit. Il sommeillait parfois quelques minutes, avant d’être tiré de sa torpeur par de terrifiantes visions. Quand il ne pensait pas aux siens, Alain méditait sur l’avenir de l’humanité. Y avait-il la moindre chance qu’il puisse un jour revivre une vie normale ? Cela allait ...
... certainement dépendre du degré d’autodestruction auquel en étaient arrivées les superpuissances. Épuisé, il finit par sombrer dans l’oubli, peu avant l’aube. Mais dans le microcosme qui semblait devoir être son unique univers pour les années à venir, la notion même de nuits et de jours avait-elle encore un sens ?
Quand Alain rouvrit les yeux, une migraine effroyable lui transperçait le crâne. Son bras droit, replié selon un angle étrange, était envahi de picotements. Il lui fallut une dizaine de secondes pour réaliser où il se trouvait, plus encore pour se persuader que l’éveil ne pourrait rien contre les cauchemars de la nuit. Sitôt debout, son premier réflexe fut de se ruer vers le sas de décontamination. Pas de changement. Toujours bloqué par la radioactivité. Une image terrifiante se forma alors dans son esprit : Élodie, avachie contre le panneau blindé, pâle comme une morte, serrant Manon dans ses bras. Toutes deux couvertes de plaies suppurantes, les yeux caves, les lèvres exsangues, réduites à un mince trait.
— C’est idiot, et tu le sais ! murmura-t-il en frissonnant.
Néanmoins, Alain cogna de toutes ses forces sur la porte puis plaqua son oreille contre le métal froid, fermant les yeux pour mieux se concentrer. Aucune réponse en retour… Bien sûr, cela ne prouvait rien, ni dans un sens, ni dans l’autre. En ce moment même, sa femme et sa fille pouvaient être n’importe où. Il essaya de les imaginer dans un centre de la Croix-Rouge ou un hôpital, entourées d’un ...