Fin du monde sur canapé
Datte: 03/06/2020,
Catégories:
sf,
Auteur: Hidden Side, Source: Revebebe
... se termine immanquablement par l’ascension d’un chemin de terre menant à une habitation isolée, au sommet d’un coteau. Une maison en pierre blanche, la maison dans laquelle il a grandi, là où il se rendait chaque été en famille, avec Élodie et Manon. Quand il entre dans la cour pavée, la lourde porte de bois s’ouvre et les deux amours de sa vie le regardent descendre de vélo en souriant.
Deux ans plus tôt, Alain Durieux garait le Scénic familial dans la rue Anatole France, non loin du numéro quatorze. Face à leur point de ralliement du jour les attendait une fille assez jeune, plutôt mignonne. L’agente immobilière chargée de leur faire visiter ce modeste pavillon de la zone résidentielle de Sucy-en-Brie, Val de Marne. Après un traditionnel échange de poignées de main, la commerciale engagea aussitôt la conversation avec Élodie, ignorant plus ou moins ouvertement Alain (dans un couple, toujours choyer la personne le plus à même d’emporter la décision, surtout si elle semble difficile à convaincre). La fille était déterminée et compétente. Et surtout, elle connaissait les points forts de son produit.
La maison elle-même n’était ni très grande, ni très bien entretenue. Ils eurent tôt fait le tour des trois chambres et du petit salon – salle à manger – cuisine américaine. Apparemment, le principal atout de la villa résidait dans son prix, plutôt abordable. Et dans un jardin aux dimensions plus qu’étonnantes.
— Le terrain est piscinable, je suppose ? lança Élodie, en ...
... désignant un potager qui s’étendait sur la superficie de deux terrains de tennis.
— Votre mari ne vous a pas parlé des particularités de ce produit ? s’étonna la commerciale.
— Pas tout à fait, admit Alain en jetant un œil inquiet à son épouse. Je voulais qu’elle juge par elle-même.
— De quelles « particularités » voulez-vous parler ?
— Eh bien, des aménagements du sous-sol, dit la fille. C’est quand même le clou de la visite.
— Le sous-sol ? s’étonna Élodie.
— C’est assez… spécial, disons-le, mais ça donne un gros potentiel à l’ensemble. Suivez-moi, je vais vous montrer.
La fille les conduisit vers la grande terrasse prolongeant le salon. Dans un coin de la surface carrelée, coincée entre le compteur d’eau et une haie de cyprès, les attendait une trappe métallique assez discrète. Éludant le questionnement muet de son épouse d’un haussement d’épaules, Alain aida la commerciale à actionner les vannes de déverrouillage. La trappe s’effaça dans un chuintement hydraulique, dévoilant les premiers degrés d’un escalier en colimaçon plongeant sous terre.
— Attention aux marches, elles sont assez étroites, prévint la fille. On a vite fait de trébucher, avec des talons hauts.
Elle actionna un interrupteur, illuminant une fosse bétonnée de la taille d’un petit silo à grain. L’un après l’autre, ils descendirent la trentaine de marches menant à la base de cette structure, bien plus vaste et profonde que ne le laissait présager la taille de la trappe. Une imposante porte d’acier ...